Une enfance ardennaise en Haute-Lesse

Omer MARCHAL, Au pays de mon père, Weyrich, coll. « Regains », 2016, 272 p., 13€   ISBN : 9782874893988

marchal-omerTour à tour agent territorial au Ruanda-Urundi, grand reporter, directeur de la branche belge des éditions Didier-Hatier, Omer Marchal, né à Ochamps, en Haute-Lesse, en 1936, a passé de longues années à pérégriner loin de son Ardenne natale, avant de rejoindre Villance, le hameau familial, pour y créer une maison d’édition dédiée à célébrer la région de son enfance.

En 1990, il publie Au pays de mon père, un livre de souvenirs familiaux que les éditions Weyrich viennent de rééditer dans leur nouvelle collection « Regains », donnant une nouvelle vie à des ouvrages « pratiquement oubliés, mais qui restent dignes d’intérêt ».

L’intérêt du livre tient autant à la qualité de son écriture qu’à la précision des évocations du passé familial et à la richesse de la galerie de personnages qui ont peuplé l’enfance de l’auteur. S’étendant de la naissance du narrateur à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Au pays de mon père tisse en vingt-deux courts chapitres un hymne filial à l’Ardenne profonde.

Le récit s’élargit en cercles concentriques. Il décrit d’abord l’ancrage ancestral de la famille Marchal près de la ferme de Maubeuge, l’un des écarts situés dans le domaine agricole de la dynastie industrielle des barons Evence Coppée. Il évoque le Georges et la Titine, parents de neuf enfants dont Omer est le cadet. Vient ensuite le quotidien des gamins et gamines des écarts, tenus de se rendre quotidiennement à l’école primaire d’Ochamps, où règne le maître Delogne, l’instituteur curieux des nouvelles que ses élèves peuvent lui rapporter de leurs hameaux.

L’ouvrage fait alterner les chapitres qui parcourent les villages et les paysages et ceux qui tirent le portrait des gens, notables craints ou compagnons de labeur. Il rappelle les exactions allemandes d’août 1914 et les cimetières qu’elles ont laissés derrière elles. Il chante avec lyrisme les sources de la Lesse.

Il s’attache aussi à décrire de façon détaillée la vie quotidienne des Marchal, famille peu nantie, mais respectée et laborieuse : leur petite maison jaune à quelques pas de la ferme de Maubeuge, les parents toujours sur la brèche, le cérémonial de la cuisson du pain, la relation à l’omniprésente religion, les habits du dimanche pour aller à la messe, puis au café. Bien d’autres aspects encore…

Exercice de mémoire empreint d’émotion, le livre témoigne d’une capacité d’observation quasi ethnographique, comme si le regard exercé du connaisseur de l’Afrique avait déteint sur l’approche du mémorialiste. Mais, en fin de compte, la marque de fabrique de Marchal, c’est surtout l’amour vibrant du pays, de ses gens, de ses coutumes et de ses paysages.

René Begon

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