Cinquante-deux lettres de toutes formes

Luc TEMPLIER, L’Art de vivre, 52 lettres à une jeune artiste,  Dervy,  144 p., 14,50 €   ISBN : 979-10-242-0183-2

templierLa calligraphie est aussi ancienne que la main qui saisit un calame, un roseau, une plume pour tracer ces formes qui ont pris le nom de lettres, d’idéogrammes, de signes…Ce sont des gestes de volupté, des jouissances qui précèdent l’écrit et qui l’accompagnent dans la marge du sens ou de ce que nous appelons trivialement la communication.

L’écriture de Luc Templier accorde les exigences et les jouissances du calligraphe dans la création de la lettre dessinée, de l’enfance dans ses premiers liés et déliés de l’abécédaire.

Dans son livre, L’Art de vivre, 52 lettres à une jeune Artiste, l’auteur dialogue avec des apprenties imaginaires, une Amie qui renvoie l’artiste à une suite de questionnements issus de ces formations en Créativité et Calligraphie qu’il donne depuis des décennies. C’est aussi un livre de méditation dans le silence et la solitude de la mise en forme.

Luc Templier est né à Corbeil (Essonne) en 1954. Licence et Maîtrise en Arts plastiques et Sciences de l’Art à l’Université Paris 1 – Sorbonne. Conservateur duMusée de la Famenne » à Marche-en-Famenne de 2005 à 2013. Multiples expositions en Belgique, France, Grèce…Il  publié de nombreux livres reliés à l’at du calligraphe et à cette pratique d’artisan (comme Bernard Tirtiaux, écrivain et Maître verrier, son ami) qui connaît la résistance de la matière et la souplesse qu’il s’agit d’engendrer pour la maîtriser.

Les lettres à cette jeune Artiste imaginaire sont des sortes de viatiques pour accompagner le doute qui nous saisit dans la vitesse du temps. Parfois familières, souvent méditatives, elles participent de cette recherche que nombre d’entre nous envisage comme une résistance intérieure au « tout-à-l’ego » du temps. La patience, la minutie, la répétition, le faire et refaire, …sont les points d’appui de l’artisan et l’humilité essentielle de l’artiste.

Les calligraphies de l’auteur sont de toutes factures, influences d’Asie, jeux de formes, gestes libres dans le carcan exigeant de la page. Cinquante-deux lettres pour cinquante-deux semaines, une forme d’almanach calligraphique de l’instant saisi dans la bourrasque de la vie.

Dans ce titre, L’Art de vivre, nous sommes inévitablement invités à penser aux Antiques, à Lucrèce, Sénèque, …Toutefois, ce que nous appellerons, au fil de l’Histoire, le « tragique », a disparu des textes de Luc Templier qui se confie plutôt à nous dans l’esprit d’une écologie de l’existence. Des aphorismes, des fusées traversent son livre dès lors que nous allons sans prétention à la rencontre des moissons d’un glaneur attentif.

Luc Templier  se dit également « copiste », lorsqu’il calligraphie des livres entiers sur des petits feuillets. Un acte qu’il rappelle avoir été son premier ouvrage quand enfant il apprit l’écriture. Écrire, c’est aussi dessiner, toute l’histoire de l’art nous le rappelle. La technologie numérique ne s’y est pas trompée et s’est aussi engouffrée dans cette voie. Peu importent le support et l’outil, c’est le dansé du geste qui nous renvoie à l’origine.

Daniel Simon