De la vie qui se consume à feu doux

Daniel CHARLEZ d’AUTREPPE, Autour de la flamme, Diagonale, 2017, 180 p., 16 €, ISBN : 978-2-960132-18-2

charlez d'autreppeLa flamme autour de laquelle on lit, c’est la vie. Celle de Georges, le narrateur qui nous livre quelques moments clés de son existence, des moments empreints de questions existentielles. Adolescent en devenir au chevet de son grand-père mourant ; étudiant à la découverte du monde du travail dans un cadre peu épanouissant ; adulte aux côtés d’un ami gravement malade qui, sous une épée de Damoclès, tire un bilan peu flatteur de son passé ; et enfin vieillard en fin de parcours, narrant en détail l’agonie de l’ombre de lui-même.

La mort traverse à plusieurs reprises le récit, s’invitant même dans la nouvelle qui le suit : Les Aventures de M. Brouillard. Thème universel, traité avec réalisme et froidement. Car prévisible, redoutée ou attendue, c’est son inéluctabilité qui est mise en avant dans le roman, avec résignation.

La flamme vivote, vacille, reste allumée sans éclairer de manière spectaculaire. C’est une vie simple qui est racontée : le narrateur n’est ni adorable, ni détestable, sorte de personnage secondaire mis par hasard à l’avant-plan. Autour de la flamme, c’est en outre une histoire d’hommes, d’hommes moyens. Si les portraits de ceux-ci ne sont pas particulièrement flatteurs, les femmes, elles, ne font que passer dans l’histoire, plus spectatrices qu’actrices.

Le récit est court en regard d’une vie mais long par rapport aux moments narrés. Plutôt que de résumer, l’auteur a choisi de sélectionner pour détailler. On frôle parfois l’overdose descriptive et le roman s’enlise par moment dans l’étirement du temps narré. L’amateur de récits à rebondissements ou de romans chorals sera déçu, quand le contemplatif, le lecteur désireux de se poser dans un décor, de rencontrer Monsieur Tout-le-Monde, de s’imprégner d’une ambiance, profitera de cette écriture à l’esthétique travaillée. Autour de la flamme, c’est un tableau réaliste, détaillé, observé avec minutie, jusque dans ses moindres recoins ou zones d’ombre ; une photographie posée, prise après avoir longuement réfléchi à la composition, l’emplacement de chaque élément, l’éclairage ; pas un cliché pris sur le vif, un croquis vite esquissé ou une séquence filmée à l’improviste.

Estelle Piraux