Béatrice BOURET-SPREUX, Parlez-moi d’amour, Les déjeuners sur l’herbe, 2017, 96 p., ISBN : 978-2-93043-355-4
Plusieurs fois primée pour ses nouvelles en France ou en Belgique, écrivant volontiers des textes en picard, Béatrice Bouret-Spreux publie un nouveau recueil de nouvelles, Parlez-moi d’amour.
Nous y découvrons Dorine mener ses petites enquêtes. Sexagénaire demoiselle vivant avec sa sœur Servane en à peu près parfaite concorde, participant avec régularité à la chorale de l’église, il lui arrive toujours des choses peu ordinaires, est-il signalé ; on la nomme la fouine. Et si elle est la complice amicale du commissaire Lanoux, elle préfère toujours enquêter et juger par elle-même, décidée à éclaircir des histoires de morts suspectes. Émule du grand Sherlock Holmes, elle fait toujours ce qu’il faut, comme il faut, peu importent les circonstances. Servane ne s’étonne guère de voir sa sœur toujours mêlée indirectement à quelqu’affaire qui la mène à approcher les misères humaines – celles-là qui s’expliquent par le défaut d’amour comme le laisse entendre le titre du recueil. Son esprit de synthèse et de déduction lui permet de dénouer des affaires dites compliquées en lesquelles la police se montre souvent trop lente ou inefficace à agir. Que ce soit des personnes accusées à tort parce que victimes d’une réputation ou des criminels victimes de blessures d’un passé qui fait que la vie glisse entre les doigts et empêche de résister à tous les courants, la réalité est parfois plus terrifiante que le pire des cauchemars. Néanmoins, comment juger un homme ? Plus je prends de l’âge, confesse Dorine, plus je deviens indulgente avec mes semblables. L’intérêt du livre est en effet de nous inciter toujours de nouveau à l’amour, qui peut-être évitera préventivement bien des malheurs. Mais est-ce donc que le texte aurait mérité meilleure relecture (singulièrement une ponctuation souvent malencontreuse) ? Ou est-ce le genre annoncé du polar qui se coule inconfortablement dans la brièveté de la nouvelle, ne parvenant guère à créer un suspense avant que l’éclaircissement de l’enquête ne la close ? Ou est-ce le souci explicatif qui ne permet pas véritablement de vibrer ? Il semble alors difficile de dépasser les louables intentions d’un message de bienveillance et de saine prudence de ne jamais se fier aux apparences.
Éric Brucher