Millon petit périple dans le périmètre de la vie

Alexandre MILLON, Le périmètre de vie, Murmure des soirs, 2018, 132 p., 15 €, ISBN : 978-2-930657-42-4

millon le perimetre de vie.pngDouze ans. La littérature est souvent histoire de patience : il aura fallu attendre douze ans pour pouvoir lire un nouveau roman d’Alexandre Millon qu’on avait découvert avec, notamment, Mer calme à peu agitée, paru au Dilettante ou Sumo sur brin d’herbe, paru au Grand Miroir. Mais le temps éditorial coïncide rarement avec le temps de l’écriture et, si Alexandre Millon n’a plus publié durant plus d’une décennie, il n’en écrivait pas moins. La preuve noir sur blanc avec la sortie de son dernier roman, Le périmètre de vie, aux éditions Murmure des soirs.

Au cœur de ce livre, Thomas, écrivain inconnu, humaniste déçu, doux grincheux, veuf de Rachel, « l’hélice de sa vie », raconte cette perte, se souvient des heures de bonheur, évoque son périple pour retrouver un certain goût à l’existence. « Il voudrait nous parler de la vie dans le deuil plutôt que du deuil dans la vie ». « Il voudrait se confronter à la vie. »

Outre l’écriture, celle d’un roman vite avorté sur un guitariste de jazz manouche, Thomas se rapproche d’Hilde, une jeune voisine, et d’Eleni Diamantis, une amie d’enfance. Avec cette dernière, il va décliner diverses mélodies de la relation à deux, les jeux de séduction, la tendresse nouvelle, l’amitié mixte, l’art d’être deux, la déprise, le champ sexuel ou la câlinothérapie, l’intimité, la complicité, et plus si affinités. Ces affinités, c’est en Grèce, terre natale d’Eleni, qu’elles vont s’épanouir.

À « la recherche d’un certain dépouillement », Thomas aborde la légèreté, la solitude, l’isolement social, la précarité, la frugalité, l’envie, les habitudes, l’art, le désir, les femmes, l’inapparent, le temps, « ce mouvement entre deux infinis », etc. Alexandre Millon lui prête sa voix, tout en délicatesse et cette touche d’humour si particulière qui est sa marque de fabrique, par exemple cet art de juxtaposer des référents surprenants comme Spinoza et les jeux Lego… Tant et si bien que, pour reprendre une phrase du livre qui lui correspond bien, « il noue simplement, bout de ficelle après bout de ficelle, une panoplie de souvenirs parfumés. »

Michel Torrekens