Éloïse TANGHE, Nox, Chat Noir, 2018, 324 p., 19,90€, ISBN : 9782375680636
Le récit s’ouvre sur la sortie de Théa, dix-huit ans, d’un hôpital psychiatrique où elle a été internée pendant huit ans car elle entendait des voix. Sa mère est morte, son père a démissionné, elle se retrouve seule à Rochester où elle va tenter d’apprivoiser le monde tel que nous le connaissons en fuyant un maximum les ennuis et les êtres humains (les voix, ça suffit déjà).
Parallèlement, nous découvrons à Clairemont l’univers de Cléa et Élias, deux amis d’enfance écorchés par une enfance difficile, mais aussi fatigués par leurs non-dits et les orages de Cléa. Élias doit réaliser un exposé sur l’histoire de Clairemont, Cléa se propose de l’aider. Les voilà partis à la recherche des mystérieuses histoires de leur village natal…
D’entrée de jeu, on pourrait avoir l’impression que le roman aura une dimension psychiatrique à cause du problème de Théa. On comprend vite que celle-ci est évincée (on sent que les voix sont réelles) au profit d’une atmosphère fantasy qui recouvre l’histoire d’un manteau sombre. Le lien entre les trois jeunes est établi quand d’un côté, Théa décide d’écouter les voix dans sa tête pour s’en libérer : sa mission est de rencontrer Élias, qu’elle ne connaît pas. D’un autre côté, ce dernier s’intéresse à l’histoire d’une sorcière du XVIIe siècle brûlée vive par son amant et dont on comprend rapidement que Théa est la descendante…
Lorsque les 3 protagonistes se rencontrent, leur univers bascule dans le chaos. C’est que les voix sont beaucoup plus puissantes quand Théa est en contact avec Élias, ce qui provoque des malaises chez elle. De son côté, Cléa est bouleversée par l’accident de voiture de son frère jumeau, qui a franchement l’air d’une tentative de suicide que les parents tentent de nier avec une certaine rigidité. Le trio avance à tâtons, chacun étant empêtré dans sa propre réalité…
L’auteure présente tour à tour le point de vue de Théa et d’Élias, mais aussi d’une entité omnisciente et immortelle qui livre les indices que les deux héros ne connaissent pas, ce qui permet au lecteur de connecter les éléments de l’histoire entre eux. On comprend malheureusement assez vite le lien entre les différentes parties du récit, malgré l’insistance de l’entité et de certains personnages secondaires à forcer le mystère et le suspense en répétant que « la machine est lancée » et qu’il faudra « affronter les forces du mal ».
Séverine Radoux