Un coup de cœur du Carnet
Ziska LAROUGE, Hôtel Paerels, Weyrich, coll. « Plumes du Coq », 2019, 207 p., 15€, ISBN : 9782874895272
Antonin a la poisse… Ou peut-être de la chance dans son malheur… À moins que ce ne soit l’inverse… Disons que son quotidien est fait de hauts et de bas qui se succèdent à une cadence effrénée : de vraies montagnes russes ! C’est ça ! Ziska Larouge nous emmène faire un tour de montagnes russes ! Et on en voit de toutes les couleurs. Du rose quand l’histoire débute façon comédie romantique. Du gris pour évoquer le deuil d’Antonin et son frère, jeunes orphelins. Du vert dans l’espoir du héros de faire carrière sur scène. Du bleu à chaque embellie amenée par une nouvelle amitié. Du noir quand des malfrats viennent mettre leur grain de sel. Et du rouge dans l’éclatante vitalité des personnages.
On navigue d’un genre à l’autre, de rebondissements en revirements de situation. Difficile dans ce contexte d’introduire l’intrigue sans en gâcher les surprises, qui adviennent au fur et à mesure que les protagonistes se dévoilent. Le mieux est sans doute alors de présenter ceux-ci. Il y a donc Antonin, le personnage principal, comédien reconverti par hasard en employé de casino. Barnabé dit Barnie, son petit frère de sept ans à l’optimisme débordant et la joie contagieuse. Iris, affectueusement surnommée Mamyris, leur grand-mère plus vraiment les pieds sur terre. Claudie, la « princesse » au grand cœur et son amie Coline, suivies sans trop réfléchir jusqu’à Ostende. Doritos, le collègue zen toujours prêt à rendre service. Geert, le père de Claudie et propriétaire de l’hôtel Paerels, point de rencontre de tout ce beau monde, auquel s’ajoutent le bienveillant Pierre-Johan et sa chienne Salchicha, clients réguliers de l’établissement.
Dans Hôtel Paerels, pas de temps mort. De la première à la dernière, les pages se tournent comme on suit une série télé, enchaînant épisode après épisode. Pas étonnant que le style de Ziska Larouge soit parfois qualifié de « filmique » : à la lecture, on a le sentiment de regarder les scènes se jouer sous nos yeux. Le récit est très prenant et toujours terriblement joyeux, même quand l’action fait la part belle aux émotions. Par moment, on peut s’interroger sur la vraisemblance des aventures d’Antonin et sa clique. Mais on ne résiste pas à l’envie de se laisser porter par le rythme du roman et la bonne humeur qui s’en dégage. On franchit avec plaisir les portes de l’hôtel Paerels, pour y passer un bon moment sans prise de tête.
Estelle Piraux