Alice MARTINACHE et Alexis LUBOW, La fête noire, Lansman, 2018, 40 p., 10 €, ISBN : 978-2-8071-0222-4
Emma et Jean retournent sur les lieux de leur rencontre. À présent séparés, ils se souviennent de ce premier jour : Emma qui attendait son bus. Jean qui, par manque d’inspiration pour son livre, était sorti prendre l’air. Distraite comme pas deux, Emma qui s’était trompée d’arrêt de bus et Jean, en parfait gentleman, qui lui avait tenu compagnie. Un tour à la fête foraine toute proche et la grande roue de l’amour s’était mise en marche.
Au début, tout roulait paisiblement. Ils se serraient l’un contre l’autre, se tenaient chaud. Emma, qui manquait cruellement de confiance en elle, reprit l’écriture de ses poèmes. Jean retrouva l’inspiration et finit son livre. Mais peu à peu, les vieux mécanismes de la grande roue s’emballèrent, l’huile vint à manquer, les problèmes arrivèrent : jalousie, sentiment de délaissement, manque de confiance en soi, étouffement, dispute, folie passagère, destruction… Peu à peu, le couple construit sa séparation. Ne restent plus que leurs reflets noirs. Mais à présent, la page n’est-elle pas tournée ? N’était-ce pas un amour impossible ? Incompatible ?
Au fil du récit, le passé de la fête foraine se mélange de plus en plus au présent. La foire en toile de fond se construit, s’impose, puis périclite, comme leur amour, jusqu’à totalement disparaître. L’écriture des deux jeunes auteurs emprunte à la poésie, au slam, et se charge d’une dimension par moments charnelle, par moments enfantine. Le sentiment d’amour/haine est au cœur du texte. L’écriture est quadrillée par trois grands chapitres, eux-mêmes subdivisés. Les titres des chapitres résonnent cruellement : rencontre – déclin – chute, mais leur goût amer est atténué par une fin plus lumineuse, même si le manque de l’autre demeure.
Émilie Gäbele