Vanitas & disco

Mathilde VAN GHELUWE, Funky Town. L’histoire de Lele, Atrabile, coll. « Flegme », 2019, 144 p., 15 €, ISBN : 978-2-88923-088-4

Funky Town est le deuxième roman graphique de Mathilde Van Gheluwe. D’abord publié en anglais par l’éditeur suédois Peow ! studio, il est paru en février 2020 chez Atrabile et marque  le début d’une trilogie.

Lele, bientôt 12 ans, nous sert de guide dans ce récit aux allures de conte. Tous les jours avant le coucher du soleil, elle quitte sa vaste et haute demeure pour la cabane dans la forêt où elle rencontre Baba Yaga. Au pas de course, afin de rallier l’un des deux lieux où elle se sent en sécurité, Lele traverse la mystérieuse et infatigable ville de Funky Town. Est-ce pour éviter de se faire repérer par les clubbers qui la peuplent qu’elle se dépêche ? Ou pour rentrer à temps et satisfaire au plus vite cette immense maman qui l’envoie en forêt ? Le temps presse et Lele grandit sans se poser d’autre question que celle de la rime manquant à son poème.

van gheluwe funky town extrait

Extrait de Funky Town – © Atrabile

Le lecteur en sait un peu plus que le personnage, notamment au sujet des relations qu’entretiennent les deux autres figures féminines de l’intrigue. Cependant, il ne percera pas tous les secrets de la ville au terme de sa lecture, et il lui faudra attendre la parution des tomes suivants, Midnight Romeo et La Secte, pour que le voile se lève sur Funky Town et ses habitants. 

Comme dans Pendant que le loup n’y est pas réalisé à quatre mains avec Valentine Gallardo, Mathilde Van Gheluwe prouve ici sa maîtrise technique du noir et blanc. Dans l’entretien accordé à Radio Grandpapier le 22 janvier dernier, elle évoque l’atmosphère onirique et mystérieuse de son roman graphique liée en partie, explique-t-elle, à l’étude de vanités, de tableaux préraphaélites et symbolistes. On aime bien ce mélange éclectique de natures mortes, de boîtes de-nuit-de-jour, de chats noirs bavards et de figures de femmes à différents âges de la vie. Dont les grands thèmes sont le dédoublement et la séparation, la croissance, la poésie et la fuite du temps. Où les couleurs électriques des néons et les tons passés des fleurs fanées surgissent – mystère également – du crayon noir de l’autrice.

Vivement la suite !

Violaine Gréant