« Les hommes écouteront-ils les oiseaux, eux aussi ? »

Un coup de cœur du Carnet

Valentine LAFFITTE, Aux quatre coins du monde, Versant Sud, coll. « Les pétoches », 2020, 40 p., 15.90 €, ISBN : 978-2-930938-11-0

valentine laffitte aux quatre coins du mondeVéritable écrin de douceur, de délicatesse, l’album Aux quatre coins du monde est un bijou de plus proposé par l’éditeur Versant Sud. Inscrit à juste titre dans la collection “Les pétoches”, ce deuxième opus de l’autrice et illustratrice Valentine Laffitte est un medium intelligent pour exprimer ce que nous craignons et redoutons… en l’occurrence, un monde qui, littéralement, se dénature.

Le sujet est grave, et le ton est donné dès le départ :

Depuis toujours, aux quatre coins du monde, tout est en équilibre.
Lointains ou proches, nous respirons, nous aimons, nous pensons.
Nous vivons.
Mais aujourdhui, cette harmonie est devenue fragile
.

L’album de Valentine Laffitte n’en est pas moins, tant visuellement que textuellement, doux, fin et délicat. Les couleurs harmonieusement superposées exhortent à la contemplation. Elles s’assombrissent lorsqu’elles évoquent les dérives et exagérations des interventions humaines entraînant la disparition de la banquise, la prairie, la barrière de corail et la forêt tropicale. Ces lieux emblématiques deviennent alors hostiles à leurs occupants, en l’occurrence, les quatre protagonistes du récit proposé par la jeune autrice et illustratrice.

Accompagnée par une scientifique pour construire son histoire, Valentine Laffitte donne avec beaucoup de poésie, la parole d’abord à l’ourse, puis à l’abeille, à la tortue et enfin à l’orang-outan. En quelques phrases pertinentes et soutenues par une illustration splendide, les quatre espèces parlent aux enfants du réchauffement climatique, de ce qui le cause et des conséquences qui en découlent. Valentine Laffitte, sans larmoiement ni jugement, pose par quatre voix, des constats issus des quatre coins du monde et invite les très jeunes lecteurs et leurs parents à l’échange et la réflexion.

Formée à Paris et à Bruxelles, Valentine Laffitte manie l’art du découpage et du collage avec brio. La subtilité de son art réside sans aucun doute dans la justesse des mots et le choix des couleurs qu’elle pose sur les papiers pour ensuite façonner à l’aide de ciseaux et d’une langue honnête, les écosystèmes aujourd’hui en danger.

Natacha Wallez