Retrouver les instants étoilés de nos vies

Éric CAUSIN, Étincelles, Genèse, 2019, 154 p., 17,50 € / ePub : 12.99 €, ISBN : 9791094689608

Eric Causin EtincellesTout être renferme au creux de lui des étincelles secrètes. « La vocation humaine est de faire jaillir ces étincelles, chacun selon sa propre voie. »

Cette conviction vibrante est au cœur d’un roman tout naturellement intitulé Étincelles, le premier d’Éric Causin, prix Saga Café 2020.

De l’été 1914 au printemps 1946, nous suivons des personnages qui nous deviennent proches. Des destinées qui se croisent, se rejoignent ou se manquent.

Nous brassons des moments d’allégresse et d’intime détresse, d’âpre angoisse, des fêtes et des deuils, des connivences et des conflits. Tour à tour intrigués, surpris, émus, désorientés.

D’entrée de jeu, une jeune infirmière namuroise, Pauline Béris, portée par l’ardent désir de participer aux événements – la guerre est imminente –, puis, au plus près du front, de soulager, soutenir les soldats blessés, de quelque camp qu’ils soient, se révèle une figure marquante. « Maintenant que je la rencontre, Pauline n’est plus une abstraction : je suis capable de la faire bouger, parler, chanter ou se mettre en colère. À moins que ce soit elle qui me fasse écrire ? À vrai dire, je ne sais plus qui, de Pauline ou de mes rêveries, me guide». « Pauline découvre ainsi que la compassion, concrétisée par des gestes simples, de personne  à personne, de corps à corps, permet aux âmes de se rencontrer ».

Pauline, forte et sensible, capable de révoltes, de farouches colères, mais aussi de bienveillance, d’étincelles de tendresse, qui décide un jour de ne plus choisir « contre » mais uniquement « pour » (« Je ne suis pas contre le mariage, je suis pour l’amour ». « Je ne suis pas contre les riches, je suis pour les pauvres »…).

Mais c’est une galerie de personnages qui peuplent ce roman foisonnant. À commencer par un certain Jean Bé qui entreprend en 1950 de raconter l’histoire de sa famille pour « faire émerger des étincelles d’espérance dans cette sombre moitié du XXe siècle ». Jean Bé, un nom qui vous réserve des surprises décoiffantes.

Mark Brandesberg, un psychiatre allemand d’une fine et pénétrante bonté, entré fortuitement dans la vie de Pauline, qui n’en sortira plus.

Des silhouettes de femmes, droites et généreuses, discrètement rayonnantes, Zélie et Louise. Sans oublier Sœur Madeleine, recours éclairant et irremplaçable pour Pauline.

L’auteur nous entraîne avec verve, ne craignant pas les rebondissements, parfois saisissants. Ni les coïncidences fulgurantes.

Étincelles. Le titre n’est pas volé !

Francine Ghysen