Philippe DEBONGNIE, Cindya IZZARELLI et autres, L’incroyable bibliothèque Almayer, À pas de loups, 2020, 100 p., 18 €, ISBN : 978-2-930787-66-4
Chaque personne renferme une histoire, celle de sa vie. Dès lors, si l’on collectionne les récits d’une galerie de personnages, cela forme comme une petite bibliothèque. C’est du moins le présupposé de cet ouvrage, publié aux éditions bruxelloises À pas de loups. Une bibliothèque qui tient dans les mains et se lit avec grand plaisir.
L’incroyable bibliothèque Almayer nous invite à découvrir une série d’animaux anthropomorphes, habitant dans le même manoir. Parmi eux, il y a Jeroen, le cultivateur d’histoires ; Marin, le lapin qui rêve de prendre la mer ; Gustave, le futur roi qui se rêve en reine ; Marie, qui a fuit les loups pour devenir nonne puis cantatrice ; Peter Paddocker, qui voyage à l’intérieur de lui-même ; la petite Lou, qui aime les fleurs mais pas son prénom ; ou encore Albert Decaze, l’aventurier gastronome.
Cette étonnante galerie de personnages a été réalisée par… une galerie d’auteur.rice.s, tous réunis autour d’un même projet. À l’origine, il provient de la rencontre de deux imaginaires. Philippe Debongnie, artiste graphique belge, crée des portraits selon une technique bien particulière : il réalise des collages numériques à partir d’anciennes photographies, change la tête de son sujet par celle d’un animal et le vêt de motifs colorés. Lors d’une exposition de ses illustrations, Cindya Izzarelli, journaliste, chroniqueuse et poète belge, tombe sous le charme de cette œuvre singulière et fantaisiste. Elle lui propose d’écrire une histoire contre un cadre. Pris au jeu, les deux artistes répètent leur échange et en viennent à proposer à d’autres auteur.rices de les joindre, pour créer un premier livre : La pension Almayer.
Cette fois-ci, ils rouvrent le jeu pour rendre leur univers accessible aux enfants. Dans ce deuxième opus, ils s’entourent d’Annie Agopian, Marie Chartres, Marie Colot, Anne Cortey, Alex Cousseau, Raphaële Frier, Carl Norac, Cécile Roumignière, Marie Warnant et Cathy Ytak. Chacun s’est emparé d’un des personnages pour lui inventer une histoire, tout en l’inscrivant dans le cadre prédéfini de la pension Almayer, un grand manoir dirigé par l’impressionnante madame Marthe, et rassemblant des esprits libres.
On tombe rapidement sous le charme de ce lieu et de ses habitants. Si certains récits sont écrits en prose, alors que d’autres le sont en vers, une vraie unité de ton se dégage de cet ensemble, organisé par thème (amour, courage, passion, rêve et voyage). Cerise sur le gâteau, les délicieuses définitions des thèmes en question, sur lesquelles on ne résiste pas à l’envie de terminer :
Rêve: N.M. Matière scintillante qui recouvre l’intérieur des paupières et de la tête.
Passion: N.F. Petite musique têtue qui donne envie de se lever le matin, envers et contre tout.
Fanny Deschamps