Écoute le chant des oiseaux

Dominique ZACHARY, P’tite hirondelle, Kiwi, 2022, 144 p., 16 €, ISBN : 9782492534249

zachary p'tite hirondellePaola Ortiz, une quadragénaire surnommée « la Mécanette », travaille seule dans son garage appelé Toto-la-dépanne à Pradonas, au pied des Pyrénées. Bousculant les stéréotypes de genre, elle aime travailler avec les mains dans le cambouis et a ouvert la porte de son atelier aux hirondelles qui y ont construit leur nid et colorent le sol de leurs déjections. Voilà un brin de femme peu courant qui s’assume et n’a pas peur de remettre à leur place les hommes aux propos machistes.

Hé, les fadas ! Vous avez encore picolé ou quoi ? C’est pas marqué « pute » sur mon front, mettez-vous bien ça dans votre caboche ! C’est Toto-la-dépanne, ici, pas Toto-la-Partouze. Mais vous me prenez pour qui ? Pour la mère Teresa du sexe ? Ça ne tourne pas tout rond dans votre tête, les deux lascars ! Si vous voulez du sexe tarifé, allez dans une maison derrière la gare de Perpignan, ou plutôt, allez voir la femme de notre maire, tiens, elle se fera un plaisir de vous astiquer la zigounette. Mais un bon conseil, évitez de salir madame Moltrone avec vos grosses paluches de poivrots.

Sous ses apparences rugueuses, la Mécanette cache un cœur d’or épris de Finette, sa fille adoptive venue d’Asie du Sud-Est suite à une longue procédure d’adoption. Un jour, elle commence une journée de travail et découvre la disparition des nids d’oiseaux dans son atelier, c’est alors l’occasion de donner une bonne leçon de pédagogie aux trois jeunes responsables du forfait, avec la complicité improvisée de deux villageois, Poupou et Riton, qui relèvent davantage des anti-héros que des justiciers.

Nous découvrons alors une héroïne anticapitaliste engagée dans la protection de l’environnement et contre la culture intensive, qui n’a pas peur de pousser des portes pour préserver la biodiversité, même si cela signifie affronter un vieil agriculteur bourru.

Avec P’tite hirondelle, Dominique Zachary nous donne à lire un conte engagé écrit dans un style travaillé et délicat, qui s’est affiné depuis son dernier opus Les frémissements du silence.

Finette, la fille adoptive de Paola Ortiz, une petite fille au corps menu et gracile, portant de longs cheveux noir de jais, était arrivée un jour comme un oiseau migrateur de l’autre bout du monde, d’Asie du Sud-Est, mais personne au village ne savait de quel pays exactement. Et d’ailleurs, cela n’avait aucune importance. Ce que l’on savait en tout cas, c’est que cette petite fille timide, presque sauvage, semblait toujours en joie de se promener dans la nature. Elle chantait avec les oiseaux. Elle leur parlait même et semblait comprendre le langage des hirondelles.

L’histoire est subtilement parcourue d’extraits de grands auteurs sur les hirondelles et de la correspondance échangée entre la Mécanette et la directrice de l’association de parrainage d’enfants au Chenmyr. L’auteur nous offre une belle ode à la nature et à l’importance de l’amour familial, avec une plume inspirée tantôt d’un La Fontaine, tantôt d’un Maupassant.

Séverine Radoux

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