Geneviève BAULOYE, Lumière voilée, couverture de Pierre Zanzucchi, Feuille de thé, 2022, 18 €, ISBN : 979-10-94533-31-4
« L’aurore envahit la maison
Le sentier retrouvé
Des fraisiers en fleurs »
Dans le sillage du recueil Feuillage/Filigrane (également paru aux éditions La feuille de thé), Geneviève Bauloye poursuit son travail acharné d’écoute de la lumière, des éléments (les « nuages », la « neige », le « vent »,…) et des saisons. La poétesse n’en démordra pas d’un recueil à l’autre : l’essence de la vie a lieu dans le jeu des feuilles, dans les noces de l’ombre et du contre-jour. Le titre de ce nouveau recueil, Lumière voilée, le dit assez.
Geneviève Bauloye accueille et recueille les fruits des saisons qu’elle observe : « ainsi lentement ma vie voyage / avec sa mélancolie de beauté ». Divisé en quatre sections, intitulées « Nuances d’avril », « Clairière d’automne », « Calligraphie de neige » et « Lumière voilée », ce recueil fait état des observations de la poétesse et fait la part belle à ce qui vibre en chacune des saisons de l’année.
Le bleu du soir habille
Les ombres du parc
Sublimation d’un quotidien élagué, où perdure et « surgit le mystère de l’enfance », ce recueil se veut l’écrin d’une simplicité perdue : nous n’entendons plus assez le chant des mouettes, nous n’observons plus assez le bateau qui s’éloigne du rivage, nous sommes peu attentifs au « souffle des sapins »… Heureusement, Geneviève Bauloye nous le rappelle au travers de ce livre : il faut prendre le temps d’observer le paysage et veiller à préserver les « reflets du silence »…
Le motif du « cristal », noyau dur de la poésie de Geneviève Bauloye, ne s’éparpille pas : se protéger et chérir la « mélancolie du paysage » est essentiel. C’est dans la solitude que nous trouverons la matière même du silence, c’est devant une table sur laquelle ricochent les rayons lumineux ou dans la rosée matinale que l’être se déleste de tout poids pour s’unir à « la joie simple de / la lumière ».
Si l’écriture de Geneviève Bauloye accumule les compléments du nom, quelques adjectifs viennent toutefois relever la coloration de ce recueil sous-tendu par le sens de l’extrême simplicité :
Au soleil de décembre
Une brume fauve
Inonde la futaie
À l’ombre sous un arbre, au calme, sans luxe ni volupté : ainsi se lisent les poèmes de Geneviève Bauloye. Ceux-ci posent, tout au long de Lumière voilée, une légère trace sur le film neigeux du silence.
Charline Lambert