Jean-Pierre BALFROID, Ces étoiles dans la nuit, M.E.O., 2022, 210 p., 19 € / ePub : 12,99 €, ISBN : 978-2-8070-0344-6
Sous un titre poétique, Ces étoiles dans la nuit, le second roman de Jean-Pierre Balfroid nous fait vivre au rythme d’un village ardennais, Andine, au fil des saisons.
Dessine et nous rend familiers des personnages au premier rang desquels le haut en couleurs Ruffin, bûcheron dont les grands bois sont la patrie, la passion. « Pour prier, disait-il, une belle forêt vaut toutes les cathédrales.«
Ruffin a épousé Flore, la jeune institutrice qui a réveillé l’harmonium de l’église d’Andine, le dimanche.
Ruffin et Flore n’ont pas eu d’enfant, et ne s’en sont jamais consolés. « Cet enfant occupait toutes leurs pensées. Ils étaient orphelins de lui. Mais comment faire le deuil d’un être qui n’existe que dans vos rêves ? Après la guerre, des enfants avaient éclos dans tous les jeunes foyers. Un vrai raz-de-marée, qui creusait leur manque. »
Autour d’eux, nous rencontrons Gaston, « fermier à trois quarts temps et pilier de café le quart restant, ce qui n’allait pas sans poser problème, par exemple quand on lui amenait une vache qu’il ne se souvenait pas avoir achetée bien cher la veille. »
Cyril et la séduisante Shirley, par laquelle Ruffin, qui savait pourtant qu’il « avait le vin tendre », s’est laissé griser.
Parents de deux enfants, Cyril et Shirley auront encore une petite fille, Adeline, qui se révèle de santé fragile, une maladie évolutive affectant sa vue et la menaçant de cécité.
Nous partageons les pensées, les états d’âme d’Adeline, à travers des pages de son journal intime.
Plus jamais je ne verrai. PLUS JAMAIS. Existe-t-il des mots plus injustes, plus cruels ? (…) Comment peut-on être aveugle à douze ans ? Je dois chercher une autre lumière, à l’intérieur de moi.
Elle la trouvera bientôt. Elle rayonne. « Sa joie de vivre, des éclats de soleil. Tout ce qu’elle effleure devient lumière. »
Adeline a noué une profonde amitié avec Ruffin, qui lui apprend à reconnaître les arbres au toucher ; les oiseaux à leurs chants.
Il lui offre un chien d’assistance, qui devient son inséparable petit compagnon.
Nous la suivons au long des années, toujours vaillante, volontiers combative, rieuse, vibrante.
À son amoureux, elle murmure, levant au ciel son visage : « Cette nuit, il y a de nouvelles étoiles, je le sens.«
Étoile, mot magique d’un roman attachant. Auquel, fidèles à Ruffin, nous ajouterons le mot forêt.
Francine Ghysen