Sur l’aile des tendresses et des solitudes

Anne-Michèle HAMESSE, Un jour d’été à Central Park, Coudrier, coll. « Coudraie », 2022, 84 p., 18 €

hamesse un jour d'été a central parkMéfiez-vous, le titre du recueil Un jour d’été à Central Park est trompeur. Vous ne voyagerez que très peu au cœur de la « Grosse Pomme ». Ces nouvelles sentent plutôt le parfum du nord, flamand ou bruxellois.

Les gens applaudissent à son passage, dans les tournants son trône vacille, ça lui rappelle les moissons, quand elle parcourt les champs de blé juchée sur un tracteur, dans la foule certains lui lancent des pétales de rose, la rue est jonchée de pétales, la rue sent bon, une odeur de fleurs mûres qui se mêle aux senteurs de bière et de transpiration, c’est la fête, toute la Flandre vit au rythme de la Sainte-Marie, on dirait un tableau médiéval, une grande fête populaire, les gens sont heureux.

On marche sur la plage d’Ostende ou dans les rues de Furnes, on longe le canal Zwaantje, on écoute les sons de la Foire du Midi… La première nouvelle donne le ton : onirique, quotidien, mais légèrement grinçant. Une menace plane sur ces textes. Le début est doux, lumineux. Puis, le ton change, l’ambiance se gâte. Des sirènes ou des cris se font entendre, des êtres perdent pied, voire tuent. Ces récits donnent à voir certaines détresses, des solitudes qui parfois se rassemblent. Les dernières nouvelles sont plus mystérieuses. Elles s’éloignent peu à peu du réel et flirtent avec le monde des rêves. Ces textes sont peuplés d’animaux, notamment des insectes et des chats.

Le recueil d’Anne-Michèle Hamesse est composé de dix-huit courtes nouvelles qui mettent en scène des vies qui souvent basculent. L’autrice dépeint avec justesse et précision une quotidienneté insolite :

Les magasins étaient remplis en cette veille de Noël, les gens se pressaient d’acheter les cadeaux manquant pour la fête, ils déambulaient dans les rayons du magasin, essayaient des vêtements, faisaient la file à la caisse pour payer leurs achats, choisissaient avec soin des objets, comparaient les couleurs des vêtements, passaient le temps à des futilités alors qu’ils allaient tous périr. Étaient-ils tous devenus fous ? 

Peut-être dû à la longueur des nouvelles, la chute est parfois assez abrupte. L’écriture d’Anne-Michèle Hamesse est picturale, presque impressionniste, proche de la poésie. Nous comprenons aisément que l’autrice se soit tournée vers les éditions Le Coudrier, spécialisées dans ce domaine. À noter – fort malheureusement – les  fréquentes coquilles et fautes d’orthographe qui déstabilisent la lecture.

Émilie Gäbele

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