Sur les traces d’un mythe

Juan MARTINEZ, Gilgamesh, Lansman/CTEJ, 2022, 41 p., 10 €, ISBN : 978-2-8071-0368-9

martinez gilgameshDans l’antique Mésopotamie, Gilgamesh est un roi puissant, admiré et craint. Sa force le rend impitoyable : le contredire expose automatiquement à de sévères représailles. Tout lui est dû et ce qui n’est pas donné sera pris.

Dans la plus ancienne histoire
le tout premier héros était un homme infatigable
qui se prenait pour un dieu

Gilgamesh était son nom
Il était le roi d’Uruk
la ville aux grands remparts bâtie entre deux fleuves 

Les villageois ne peuvent plus supporter cette tyrannie. Et pour faire entendre raison à celui qui se croit l’égal des dieux, ils n’ont d’autres pistes que de s’adresser à ces derniers, eux-mêmes.

Dieu le chef invoque Dieu des bonnes idées, qui décide d’envoyer à Gilgamesh un adversaire à sa mesure. Pour combattre le mal par le mal ? La force par la force ? Pas exactement… En rencontrant Enkidu, Gilgamesh fait la découverte de la solidarité et de l’amitié. Mais l’influence est mutuelle et peut conduire au meilleur comme au pire.

À l’image d’un Michel Ocelot portant à l’écran des légendes du monde, Juan Martinez propose sa version de l’Épopée de Gilgamesh, héros de la mythologie mésopotamienne. Il raconte ses quêtes et voyages, ainsi que les valeurs morales que ses aventures véhiculent. Rapports de force, pouvoir de l’attachement face à l’égoïsme, liens avec la nature, quête du pouvoir ou de savoir, l’histoire séculaire illustre sans surprise un éventail de vices et de vertus. On retrouve dans Gilgamesh tous les ingrédients des récits antiques, dont les héros hellènes nous sont souvent plus familiers que ceux du Moyen-Orient. D’où qu’ils soient, leurs exploits ont le pouvoir de captiver le jeune public visé par le livre, tout en l’amenant à réfléchir aux messages véhiculés.

Mélangeant dialogues et narration classique, la pièce de théâtre peut se lire comme un conte, en laissant l’imagination créer les scènes spectaculaires décrites. Court et condensé, le texte est accessible sans être simpliste et l’intrigue avance très rapidement. Néanmoins, si un lecteur reste sur sa faim, puisque l’Épopée de Gilgamesh fait partie des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité, il aura l’embarras du choix pour poursuivre sa découverte du mythe mésopotamien.

Estelle Piraux