Luc TEMPLIER, L’imposteur, Academia, 2023, 260 p., 22,50 € / ePub : 16,99 €, ISBN : 978-2-8061-3250-5
Un jeune homme envoyé au séminaire raconte dans L’imposteur les affres de sa vie, les tourments et les dérélictions qui les accompagnent. L’imposteur, de Luc Templier, est un roman empli d’effrois et de ténèbres… sur la spontanéité du Mal, son effarante simplicité, sa banalité, sa machination infinie.
Luc Templier est un artiste français vivant depuis trente-cinq ans en Belgique. Il développe de nombreuses activités artistiques depuis toujours qui sont autant l’écriture de romans, le théâtre (dramaturgie, écriture, mise en scène, jeu,…) que la calligraphie et des activités entre « créativité et écriture » et peinture, sans oublier les formations et conférences.
Quand un écrivain se sent momentanément en panne, sollicite les conseils d’un ami directeur de prison lors d’une soirée amicale et découvre l’horrifique histoire de Pierre Mansoeur… Quelques jours plus tard, il reçoit un paquet contenant les documents de l’étrange, énigmatique et terrible histoire de la vie du personnage accompagnés de pièces rapportées de la presse et des tribunaux du temps à ce propos. Ils témoignent de l’énigme et la narration de Luc Templier, entre mensonges et vérités, construit un roman sur une des questions morales de l’église catholique et des croyants au 20ème siècle, de tout ce qui constitue à leurs yeux le péché, le Mal, la trahison de Dieu…
Ces pièces vont donner lieu à un récit autobiographique intitulé « Ma vie de Pierre »… Cette autobiographie fictive est menée par l’auteur Templier tout entier engagé dans cette déclaration du mentir-vrai qui s’appelle la littérature.
Pierre Mansoeur est né près d’Aix en 1934. Il connaît une vie difficile dans les années de guerre, il va devenir séminariste, puis prêtre. Peu à peu, le long des années que nous offre à découvrir ce roman passionnant, il va découvrir la version totale du Mal : le revirement intime des valeurs les plus fortes qu’il avait choisies pour construire sa vie. La violence, les abus sexuels, les troubles de désenchantement, la vérité de la forclusion d’une foi pervertie sont les axes principaux de ce livre construit comme la confession de Pierre Mansoeur. Elle apparaît très vite comme une terrible variation sur la trahison, l’abandon et la déréliction d’un homme …perdu pour Dieu et les hommes et en quête de rédemption.
Luc Templier a su rendre absolument crédible cette histoire épouvantable dans des pages denses sans cesse relancées par les mythologies intimes du Mal.
L’auteur n’a de cesse de jouer de cette frontière entre fiction et réalité. En ce sens, il s’inscrit dans une littérature qui nous renvoie à des grands classiques du genre : De sang froid de Truman Capote, les livres de Norman Mailler et bien d’autres… Qui fait l’ange fait la bête…
Ce « point aveugle » de la perception du monde confirme encore et encore qu’il se situe dans cet espace si fragile et toujours en mue qui a nom littérature… Luc Templier déploie, comme un suspens éthique, ce récit tendu dans l’espace-temps des années soixante, tout entier confronté aux remugles historiques de l’après-guerre.
Daniel Simon