Étienne MARLOT, Comment tuer un loup-garou, Ker, 2023, 187 p., 10 €, ISBN : 978-2-8758-6465-9
Gareth est un jeune homme de 15 ans vivant à Attert, dans le Nord d’Arlon. Passionné de livres fantasy et de félins, il mène une vie routinière jusqu’au jour où il tente de chasser un chat noir se transformant sous ses yeux en panthère qui lui parle et l’attaque dans la foulée. Il est fort heureusement sauvé par Kzin, un chasseur qui apprend à Gareth qu’il est doté de pouvoirs magiques activés par cette bataille.
La vision du monde de Gareth change alors : il découvre la présence de la magie partout autour de lui. Sa nature de métamorphe se dévoile au rythme des entraînements, où il se transforme tantôt en puma, tantôt en chat-loutre. Auparavant il idéalisait l’univers magique dans ses lectures, il est désormais confronté à son fonctionnement impitoyable, où il doit lutter au quotidien pour survivre.
Il apprend que les loups-garous sont ses ennemis. Ceux-ci ont proliféré grâce à la facilité de transmettre la lycanthropie et ils ont une fâcheuse tendance à appliquer la loi du plus fort en exterminant leurs opposants. C’est ainsi qu’ils ont fait disparaître les sangliers, les centaures, les guerriers lutins…
Attaqué par Caín, la brute de l’école récemment transformée en loup-garou, Gareth est obligé de se défendre et, maîtrisant encore mal sa nouvelle force, il le tue sans le vouloir. Au début grisé par la puissance récente qui l’habite, il est dorénavant tourmenté par le dégoût et la culpabilité d’être un monstre. Mais il n’a pas le temps de s’apitoyer sur son sort, le redoutable chef de meute Merek le Breathtaker cherche à l’exterminer. Il va devoir faire alliance avec Louise, la fille du chef des lutins, et son ami Christian, afin de renoncer à fuir et de retrouver le contrôle de sa vie.
Dans ce récit lauréat du prix Laure Nobels en 2022-2023, Étienne Marlot nous livre une histoire courte – un fait rare en fantasy – où les actions s’enchaînent avec rythme continu dans un style fluide. L’entrée dans le fantastique est rapide et facilement acceptée par le héros, dont la difficulté est davantage d’apprendre à vivre avec la part d’humanité et d’animalité en lui.
– Tu sais, Chris, je crois que je m’en remettrais si c’était réellement de la légitime défense. Mais ce n’était pas ça. Je me suis amusé avec lui. Comme un sadique. Je ne sais plus qui je suis.
Gareth se tourna vers Christian, qui le fixait avec attention.
– Je me sens sale…
Le métamorphe contempla sa main.
Christian l’observa avec tristesse, impuissant devant la détresse de son ami.
– Tu ne l’as pas fait exprès. Ça ne définit pas qui tu es.
On regrettera toutefois un point de vue manichéen sur les loups-garous et une issue assez prévisible.
Séverine Radoux