Jacques SOJCHER, Richard KENIGSMAN (ill.), Éros errant, Fata Morgana, 2016, 57 p.
On reconnaîtrait entre mille le timbre de la voix du philosophe et poète Jacques Sojcher. Ce cheveu sur la langue qui s’avère vite une arme de séduction massive, on le retrouve avec plaisir, sous une plume caressante et ironique, dans ce nouveau recueil publié chez Fata Morgana. Ni juif, ni chevalier, ou peut-être justement les deux à la fois, le démon Éros dont l’auteur se fait ici le tératologue, poursuit sa route, inlassable voyageur qui se moque des possibles dégâts collatéraux. Joueur invétéré, Éros se plait à piper les dés. Le pire, c’est qu’on le sait ! Mais on continue pourtant de miser sur lui, sur sa capacité à renouveler cette pulsion de vie qu’est le désir. Un désir qui peut à l’occasion s’éroder mais qui renaît sans cesse, subtilement inventif, toujours pluriel, réactivé qu’il est par le grain d’une peau ou le frémissement d’une voix. C’est que la langue, les mots, leur sonorité font partie du jeu. À chaque fois, ce sont les cartes qu’on rebat. Et si les donnes semblent les mêmes, elles sont pourtant différentes. Continuer la lecture