Archives par étiquette : Jacques Sojcher

Hommage à un grand éclaireur

COLLECTIF, Pierre Mertens ou la quatre-vingtaine, Taillis pré, coll. « Essais et témoignages », 2021,105 p., 14 €, ISBN : 978-2-87450-178-4

collectif pierre mertens ou la quatre-vingtainePierre Mertens a eu quatre-vingts ans le 9 octobre 2019. Pour fêter cette belle échéance, plusieurs de ses proches – sa sœur Catherine, sa fille Dominique, Agnès Triebel, Pietro Pizzuti – avaient mis sur pied des retrouvailles amicales et festives dans un haut lieu de la bohème bruxelloise : « La Fleur en papier doré ». Héros en veston fraise et chevelure blanche, assistance triée sur le volet, témoignages chaleureux, lectures d’extraits de Terreurs, des Bons offices et de Perasma, pauses musicales, zeste de souvenirs nostalgiques, buffet conclusif, tous les ingrédients d’une réussite parfaite étaient au rendez-vous. Elle a d’ailleurs fait l’objet d’une opportune captation vidéo, due à Marc Ghysels : les absents peuvent donc apprécier l’ambiance cordiale et conviviale qui régnait ce soir-là rue des Alexiens… Continuer la lecture

Poétique de la célébration

Jacques SOJCHER, Joie sans raison, dessins d’Arié Mandelbaum, Fata Morgana, 2020, 56 p., 13 €, ISBN : 978-2377920570

Il est des recueils poétiques qui s’élèvent au tactile, qui, par la grâce des mots, accomplissent une promesse sœur de la caresse de Lévinas. Joie sans raison du philosophe et poète Jacques Sojcher se tient sur cette ligne de tactilité, de nudité, d’un dévoilement adombré par le retrait. Les cercles qu’arpente Jacques Sojcher en philosophe-artiste ont pour nom la femme, l’enfance, l’amor fati. Comme « la rose est sans pourquoi » (Angelus Silesius), la joie est sans raison dès lors qu’elle se tient du côté du non-savoir, de la perte de toute maîtrise. Il n’y a pas d’amour sans entrée dans l’impersonnel, dans l’au-delà ou l’en deçà du sujet. Continuer la lecture

Jacques Sojcher : visage, perte et attente

Jacques SOJCHER, La confusion des visages, dessins d’Arié Mandelbaum, Fata Morgana, 80 p., 15 €, ISBN : 978-2-37792-038-9

Dans La confusion des visages, la poésie du philosophe-artiste Jacques Sojcher s’avance vers le plus nu. Nudité de la vie, nudité des mots pris dans le battement entre énonciation et mutisme, nudité d’un retour vers l’enfance. Composé de dix partitions poétiques, le recueil explore le paradoxe du verbe, à la fois passerelle — du moins promesse de passerelle — vers l’être et entrave au réel. Professeur émérite de philosophie et d’esthétique de l’Université Libre de Bruxelles, grand arpenteur des pensées de Nietzsche, de Lévinas, d’Artaud, de Jabès, auteur entre autres de Nietzsche. La question du sens, La démarche poétique, Paul Delvaux ou la passion puérile, Jacques Sojcher délivre dans ses textes et recueils poétiques (Le sexe du mort, C’est le sujet, Trente-huit variations sur le mot juif, Éros errant…) une maïeutique aporétique placée sous le signe de ce que Pascal Quignard appelle balbutiement. Ce balbutiement en tant qu’être au monde parcourt La confusion des visages qui s’ouvre sur un vers liminal « L’aube ne s’est jamais levée ». Empreints d’une légèreté grave, les textes sont autant de talismans en quête de la « vraie vie », d’un visage qui dise « oui à mon visage ». Le réel contrarie la propension au rêve. Le poème récolte les errances de la mémoire, exalte la permanence de l’enfance dont il est le gardien. Protéger l’enfance qui, survivant, barre l’accès à l’âge adulte, sonder la part d’enfance, c’est-à-dire d’in-fans, non parlante, de l’écriture a pour horizon l’échappée hors du « poids mort » de « chaque parole adulte ». Continuer la lecture

Des errances, du manque et des joies d’être au monde

Un coup de coeur du Carnet

Jacques SOJCHER, Très doucement, 1 livre + 1 CD reprenant la lecture des textes par Monique Dorsel, Au coin de la rue de l’enfer, 2016

sojcher dorselJacques Sojcher est un errant. Un nomade glissant d’une aventure à l’autre. D’une idée à l’autre. D’un état de réel à un autre. Le lire est un bonheur. Le lire un jour caniculaire d’été a tout du petit vent frais inespéré. C’est que tout, ici, est « léger ». Aérien même. Continuer la lecture

Les « Mille e tre » du professeur Sojcher

Jacques SOJCHER, Richard KENIGSMAN (ill.), Éros errant, Fata Morgana, 2016, 57 p.

sojcher erosOn reconnaîtrait entre mille le timbre de la voix du philosophe et poète Jacques Sojcher. Ce cheveu sur la langue qui s’avère vite une arme de séduction massive, on le retrouve avec plaisir, sous une plume caressante et ironique, dans ce nouveau recueil publié chez Fata Morgana. Ni juif, ni chevalier, ou peut-être justement les deux à la fois, le démon Éros dont l’auteur se fait ici le tératologue, poursuit sa route, inlassable voyageur qui se moque des possibles dégâts collatéraux. Joueur invétéré, Éros se plait à piper les dés. Le pire, c’est qu’on le sait ! Mais on continue pourtant de miser sur lui, sur sa capacité à renouveler cette pulsion de vie qu’est le désir. Un désir qui peut à l’occasion s’éroder mais qui renaît sans cesse, subtilement inventif, toujours pluriel, réactivé qu’il est par le grain d’une peau ou le frémissement d’une voix. C’est que la langue, les mots, leur sonorité font partie du jeu. À chaque fois, ce sont les cartes qu’on rebat. Et si les donnes semblent les mêmes, elles sont pourtant différentes. Continuer la lecture

Jacques Sojcher, Prix Maurice Carême 2015

sojcherJacques Sojcher est le lauréat du Prix de poésie Maurice Carême 2015 pour son recueil Trente-huit variations sur le mot juif, paru chez Fata Morgana. Continuer la lecture