Le temps du ciel

Un coup de coeur du Carnet
Primaëlle VERTENOEIL

imhauserParu en 2012, le premier recueil de poésie d’Emmanuelle Imhauser, Mise en pages, n’est pas passé inaperçu. Dans un écriture personnelle, mais non exempt d’influences, la jeune poétesse liégeoise se dévoilait comme une nouvelle écriture poétique, saluée par les connaisseurs. C’est qu’Emmanuelle Imhauser a grandi parmi ce que les historiographies littéraires appellent « l’école liégeoise ». Fille du poète Fernand Imhauser, proche de Jacques Izoard, actrice de la vie culturelle de la Principauté, Emmanuelle s’est nourrie, pendant de longues années, de l’effervescence poétique qui a animé Liège depuis plusieurs décennies.

Son nouveau recueil, Intempéries, est une fois de plus publié par les très bonnes éditions de l’Agneau. Dans ce court ouvrage, elle aborde indirectement la question de la femme, non pas tant dans un discours féministe, mais avant tout dans une tentative de description de la réalité quotidienne :

j’ai nettoyé la cave

les pavés et les murs

ma chambre embaume l’herbe qui vient d’être coupée

mon lit sent le shampoing le pain chaud la farine et

on est en novembre

Dans ce recueil, Emmanuelle n’a pas peur des répétitions, tant syntaxiques que poétiques. Sa poésie est résolument narrative, elle ne cherche pas la rime, mais la justesse du ton. Les poèmes  s’enchainent, sans titre et sans ponctuation. Ça et là, quelques photos, imprimées en noir et blanc, donnent quelques respirations au recueil. Intempérie fait aussi partie de ces recueils dans lesquels la frontière entre poésie et prose est des plus tenues:

lessivée de ses phrases

sacrifier sa journée dans le fond d’un bureau

et ronger jusqu’au frein l’os de ses pensées

elle attache sa veste dans le gémissement d’une

plume trop sèche

entrouvre le portail sur le néant des morts

et se rend au travail

Le vers se déploie ainsi, alternant les tons : humour, étonnement, introspection etc.

Ce deuxième recueil, sous-titré « Zeit wetter » (le temps qui passe, le temps du ciel) confirme qu’Emmanuelle Imhauser devient, résolument, une nouvelle voix de la poésie contemporaine.

Emmanuelle IMHAUSER, Intempéries, Atelier de l’Agneau, 2015, 56 p.

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