Un coup de coeur du Carnet
Pierre CORAN, Amuserimes, Paris, Livre de Poche Jeunesse, 2015, 94 p., 4.95 € / epub : 3.99 €
Difficile de ne pas succomber à Amuserimes, dernière parution du prolifique poète et romancier montois, déjà auteur d’Inimaginaire, dans le même registre. D’une manière dont il a le secret, Pierre Coran nous livre un recueil de septante-et-un courts poèmes qui jonglent de façon enjouée avec les mots et les sons. Lui qui connait si bien les enfants (il fut instituteur et directeur d’école) excelle dans l’art de s’adresser à eux par l’écriture. Les mots jouent les acrobates, au ping-pong, à cache-cache et invitent à entrer dans la danse. Le tout est charmant, rigolo et joyeux.
L’ouvrage s’ouvre sur le délicieux « Pour faire un poème », dans lequel Pierre Coran livre sa recette secrète aux apprentis et apprenties poètes. Plus loin « Crottin canin » parlera aux citadins qui ne marchent pas toujours dedans du bon pied :
Sur les trottoirs,
Les cabots trottent,
Les cabots trottent,
Trottent les chiens.
Sur les trottoirs,
Les cabots crottent,
Les cabots crottent,
Crottent les chiens.
Et je slalome
– Suivez le guide !-
Entre boudins et pyramides.
Les poèmes, comme des chansons, trottent dans la tête une fois la lecture achevée.
Bien sûr, ce savoureux recueil s’adresse aux enfants et c’est une excellente chose qu’ils soient confrontés à une poésie qui leur soit réellement accessible et leur donne l’envie de s’amuser avec les lettres et les mots. Rien d’étonnant à ce que les enseignants utilisent les textes de Pierre Coran lors des cours de français. Pour autant, les adultes ne devraient pas s’empêcher de redécouvrir ce qui est sans doute premier dans l’amour de la poésie : le plaisir de la langue.
La poésie, ce n’est ni ennuyeux ni prétentieux… Et Pierre Coran a le mérite de le montrer à chaque rime.
Le recueil est paru en format poche, probablement par souci de réaliser un livre accessible à tous. Il est cependant réalisé avec soin, imprimé en couleur sur un papier de qualité, ce qui en fait un ouvrage plaisant à feuilleter. Les illustrations de Thomas Baas viennent joliment ponctuer les poèmes en bichromie.
Vous en reprendrez bien un petit peu ? Difficile de résister au plaisir de lire à haute voix un texte comme « L’aspic » (essayez avec vos enfants, ça marche à tous les coups) :
Quand un aspic
Pique un Aztèque,
Tout le Mexique
Va aux Obsèques.
Et quand l’aspic
N’ennuie personne ?
Les Mexicains,
Tout aussitôt,
Piquent un somme
Sous leur chapeau.
Fanny DESCHAMPS