Claude DONNAY, Ressac, Editions M.E.O., 2016, 55 p.
Pour ceux qui connaissent Claude Donnay, ils s’accorderont à dire qu’il fait partie de ces auteurs qui écrivent partout et tout le temps. Ayant une dizaine de publications à son actif, essentiellement parues aux éditions de l’Arbre à Paroles, il écrit et publie de la poésie, mais il s’adonne aussi à la composition de nouvelles et travaille actuellement à un roman. Toujours actif en tant que professeur de français à Ciney, il est également revuiste et éditeur pour Bleu d’Encre.
Ce nouveau livre, Ressac, paru cette fois-ci aux éditions M.E.O., a été écrit d’une traite, en l’espace de quelques mois. Le point de départ était l’idée du mouvement, d’un va-et-vient permanent des choses dans le cours de la vie. Le ressac des vagues caractérise parfaitement cette idée, et place d’emblée la mer au coeur du l’ouvrage. Dès les premières pages, on peut y lire:
La mer porte mon âme, la mer porte mon ombre dans un sac d’écume. […] La mer porte mes mots vers ton rivage d’anis et de jasmin. Nulle arme ne tue le vent. Nulle bombe n’arrête les vagues.
La mer, source d’inspiration véritable, est malheureusement contrainte par le vent, les bombes, les vagues. Connecté au monde, Claude Donnay est perméable à l’actualité, marqué par les différents drames qui secouent la planète. Quelque peu désillusionné, ce monde-ci ne porte pas toujours vers le bleu tant aimé du poète. Cette couleur fait écho à la mer et au ciel, mais n’est pas forcément synonyme de gaîté :
La mer n’est pas bleue, on le sait. Ni le ciel. Mais tout ce bleu habille l’été, comme les yeux même quand les larmes tapissent les murs. On y croit – ou feint d’y croire-encore.
Cette certitude d’avancer et de reculer se poursuit au gré d’une cinquantaine de fragments courts en prose poétique. On ressent son besoin de solitude et l’on devine qu’il aime se retirer du monde, en créant une bulle tranquille, propice à la création et à la respiration.
Dans l’écriture, il lâche totalement prise, accueille le silence, s’abandonne pour toucher au vrai, à l’essentiel. Il y creuse les thèmes de l’amour, de la mémoire, de l’oubli, du temps qui passe, des traces qu’on laisse et qui disparaissent :
Les robes que les femmes portent à l’entame des beaux jours ravivent les mots engourdis. Tout perd mémoire. Et nous recousons le poème dans la nudité d’un tissu qui s’essouffle.
Associée à cette notion du mouvement, on trouve la marche bien entendu, mais aussi, plus singulièrement, la pratique du vélo et le besoin de se dépenser tout en laissant, toujours, de l’espace pour penser et vivre sa poésie:
Le vélo actionne mon coeur. Je pistonne des jambes et le sang afflue chargé d’amour et me maintient en vie. En équilibre entre les attaches de la terre et les ailes battantes du ciel.
Mélanie GODIN
°Mimy KINET, Poésie complète, Amay, L’Arbre à Paroles, 1997, p. 21.