Philippe JONES, L’arbre en chemin, Le Cormier, 2015, 14 €
Vient de paraître en octobre dernier, L’arbre en chemin, le dernier recueil de Philippe Jones aux éditions Le Cormier. Comme de coutume, l’ouvrage est de belle facture et édité dans un format atypique (16,5 sur 21 cm). Aucune fantaisie particulière : les éléments paratextuels restent peu nombreux et reconnaissables au premier coup d’œil. Cette épuration permet dès lors à la poésie de Philippe Jones de s’exprimer pleinement.
Du reste, quelle est la thématique de ce nouveau recueil ? Formellement, L’Arbre en chemin se lit comme une suite de poèmes en vers et en prose. À travers l’expression d’une image concrète, celle de l’arbre, Philippe Jones évoque métaphoriquement le parcours de l’homme – peut-être du poète –, d’une femme, d’un couple. Le recueil prend dès lors la forme d’une méditation personnelle. Fragilité des choses, quête de sens, ordre et équilibre du monde sont autant de motifs qui fondent la matière poétique du recueil et donnent au poète l’occasion de s’évader, comme c’était déjà le cas dans Parenthèses ou Couleurs d’un éveil :
chaque arbre se confie au destin de grandir, grimper de branche pour saisir l’horizon/ il acquiesce ou dit non / se maintient bras ouverts / dominant l’herbe rase / il s’agite il s’effeuille / pour cent ans perdurer / et donner à la terre la leçon du bon sens
Alors que l’on voit naître et se développer des nouvelles tendances poétiques, notamment chez les jeunes poètes, Philippe Jones reste le défenseur d’une poésie à la fois classique et moderne, désireuse de se donner au monde, mais pas sans une certaine complexité formelle. Position en équilibre que celle de Jones : il ne veut pas se laisser aller à trop de simplicité, mais se retient aussi de tomber dans une poésie qui serait trop intellectualisante ou confidentielle, comme certains la pratiquent encore aujourd’hui. Le sujet, l’homme s’interroge, poussé par la complexité du monde qui l’entoure, avec un ton à la fois grave et léger :
un germe et un bourgeon / puis au bout de la branche / bientôt viendra le fruit / et cette femme enfin
On notera également que l’ouvrage est augmenté de trois très belles gravures de Georges Raepsaet.
Primaëlle Vertenoeil