Les Signes de vie de Frans De Haes

Frans DE HAES, Au signe du seul vivant, Le Taillis Pré, 2015

de haes « Frans de Haes, né en 1948, de culture bilingue » : tels sont les premiers mots de la notice concernant l’auteur du recueil Au signe du  seul vivant. Aussi cette notice nous apprend-elle que le poète, né dans l’après-guerre, a vu, au fil de sa carrière, se développer plusieurs tendances littéraires. Un poète que l’on connait aussi comme critique littéraire. Bref, un connaisseur donc de la littérature qui produit ici son huitième recueil de poésie. Un ouvrage qui se compose de 29 poèmes numérotés.

La poésie de Frans De Haes est une poésie en vers, peu ou pas ponctuée, en constant équilibre entre l’hermétisme et le réel :

surgie dans le hall de l’aéroport elle / te donne une adresse mais tu la perds / tu perds à l’instant l’adresse elle / le groupe le billet le passeport glissé / sous un dur plastique transparent / et ravissement entretemps ravissement comme un éclat de ciel au fond de la tête

« Se taire au signe seul du vivant » sonne un peu comme une sentence répétitive qui structure le recueil. Pourtant le poète est très loquace : le recueil est dense, joue sur l’abondance des images et des répétitions :

une veuve avec un lourd portable / une femme enceinte sur un ventre un portable / une veuve avec un lourd portable / un ahuri imbécile moi avec portable / Louise Vanaen de Voringhem avec portable / papa maman j’ai perdu mon portable

Une poésie qui est aussi drôle. En soi, le recueil n’est pas toujours très explicite et reste très dense. Chaque poème qui le compose invite à une double ou triple lecture pour faire ressortir le sens des vers et des mots. La mise en page tend aussi à un certain jeu. Y a -t-il une thématique unique qui structure le recueil ? Il n’est guère aisé de le dire. Peut-être peut-on le lire comme une promenade extérieure autour du soi, du monde et des hommes qui l’entourent ou comme une succession de fragments de tableaux. Un recueil enfin qui emprunte sa matière tant à la Genèse et à l’histoire de Caïn, qu’à Julia Domma, l’épouse de Septime Sévère, ou à Steve Jobs.

Quoi qu’il en soit, Au signe  du seul vivant est un très beau et riche ouvrage qui nécessite plus d’une lecture.

Primaëlle VERTENOEIL