Quand dessins riment avec aphorismes

Jean Louis LEJEUNE, Quelques dessins et quelques aphorismes verticaux, Bruxelles, Couleur livres, 2015, 8 €

Au pays de MagritteUne fois n’est pas coutume, consacrons l’une des chroniques du Carnet aux aphorismes, genre littéraire qui prône la brièveté au même titre que les haïkus.

Sentence décochée en peu de mots, l’aphorisme fuit comme la peste tout lieu commun, provoque la surprise, se fonde sur des propositions antithétiques, contrairement à la maxime qui joue du paradoxe. Pas de vérité proclamée donc, mais place au trait d’esprit. Voilà en quoi la démarche de Jean Louis Lejeune amuse et interpelle car, au trait d’esprit, il ajoute celui de son crayon.

Connu pour ses nombreuses illustrations dans diverses publications, il en a combiné plusieurs avec quelques flèches verbales, même s’il n’est pas nécessaire de les « lire » en regard l’une de l’autre. On imagine qu’il a été le premier public de ses créations et le premier à en rire ou du moins en sourire, avec un air entendu !

Variant les styles picturaux et les saillies verbales, il traite de la mort, l’éternel sujet, de la cruauté des hommes, de sexualité avec quelques extraits de son Kamasutra Cook Book et, à la manière de Balzac qui intégra une partie nommée « Aphorismes » dans son roman Physiologie du mariage, propose des définitions de la « femme honnête ». Bruxelles où il sévit n’est pas épargnée et un fond de belgitude pointe le bout du nez quand il avance que : « De tous les légumes de la Gaule, les Bettes sont les plus raves. »

Hippocrate, Bouddha, Lao Tseu, La Bruyère, Nietzsche, La Rochefoucauld, Vauvenargues : voilà quelques « aphoristes » qui ont émaillé l’histoire de la pensée humaine. On vous laisse le soin de choisir duquel d’entre eux se rapproche le plus l’esprit de Jean Louis Lejeune, qui a exposé ses réalisations chez Seed Factory – La maison de l’image, fin de l’année dernière.

Michel TORREKENS

♦ Lire un extrait proposé par les éditions Couleur livres