Oui et elles sont bonnes !

Jean-Philippe QUERTON, T’as des nouvelles de JPé ?, Cactus inébranlable, 2016, 173 p., 15 €, ISBN : 978-2-930659-58-9

quertonLe recueil réunit trente nouvelles relativement courtes qui ont pour point commun une inclination irrépressible pour le ludique. De l’eau, du gaz à tous les étages et du jeu à chaque marche d’escalier.

L’auteur, ses narrateurs et ses personnages semblent s’amuser de tout. À commencer par la littérature qui est un des fils conducteurs du recueil.  Le bal s’ouvre sur une Amélie Nothomb nue dans une baignoire en compagnie du narrateur. Ensuite, Balzac entre dans la danse,  Simenon et son Maigret sont bousculés, tandis que Proust et Saint-Loup sont malmenés. Rien n’est ici pris au sérieux, surtout pas la littérature.

Dans ces nouvelles, les comptes se règlent, pour de faux et sans doute pour du vrai. Avec les foires du livre, la filière éditoriale, les auteurs classiques, les écrivains à succès à la malhonnêteté totalement intéressée.

Jeu sur les grandes lâchetés, les petites avaries, les moyennes avarices, mais qui finalement seront punies à des degrés divers. Comme si il y avait une certaine moralité qui émergeait de tout cela. La chasteté est bafouée, mais l’honneur est sauf, ouf !

Jeu sur le narrateur-écrivain-écrivant, lui-même avide de reconnaissance et qui devient objet de sa propre critique : «Je tenais un univers, je n’allais pas le lâcher. Mon héros serait un limier non-voyant, trisomique et schizophrène. Je répugnais un peu à l’idée d’accoucher d’un tel être, mais la gloire était à ce prix et j’étais prêt à tout » (nouvelle « Le bleu de la Chimay »).

Des jeux gastronomiques, sexuels, érotiques, pileux… Des jeux de mots parfois subtils, toujours gratuits, des jeux généreux ou critiques. Des anachronismes, des notes de bas de page aléatoirement inutiles et de l’absurde. Avec des textes qui se penchent sur le cas d’une société éprise d’écologie et de santé dans laquelle les personnes qui consomment du tabac sont emprisonnées à l’air libre et condamnées à manger sain.

Le lecteur sort de cette lecture ne sachant peut-être sur quel pied danser, mais avec assurément le sourire aux lèvres et l’appétit au ventre. En refermant le recueil,  il peut se dire qu’il a eu des nouvelles de JPé et qu’elles sont bonnes.  Et c’est tant mieux !

Laurence Ghigny