Philippe COLMANT, Salomé pour toujours, Demdel, 2018, 230 p., 12,50€, ISBN : 978-2-87549-241-8
Un beau samedi d’avril, un triple meurtre tombe sur les bras du commissaire Pierre Van Calster et de son équipe. Une ancienne cantatrice, Alice Dantinne, est retrouvée morte au bas de son immeuble. Les soupçons d’un suicide sont rapidement écartés vu les marques de strangulation présentes sur son cou. Deux autres corps d’hommes, sauvagement assassinés et mutilés, sont découverts quelques heures plus tard dans une église désaffectée et à l’orée de la forêt de Soignes.
Le tableau fait froid dans le dos. Même les plus avertis à ce type de scénario macabre en sont tout retournés. Les deux hommes ont été émasculés et décapités, et le bourreau s’est amusé à échanger leur tête. Van Calster et ses inspecteurs ont du pain sur la planche, d’autant plus que les mobiles restent obscurs. De fil en aiguille, on comprend que les deux affaires sont liées et que les trois victimes se connaissaient. Pourquoi leur a-t-on réservé une issue aussi tragique ? Qu’est-ce qui les liait ? Qui leur en voulait au point de mettre fin à leurs jours ? Est-ce pour de l’argent ? Une vengeance ? Un honneur à sauver ? Les questions fusent. Les réponses arrivent au compte-gouttes. Le passé de celle qui a interprété pendant des années le personnage de Salomé dans le célèbre opéra de Strauss est examiné sous toutes ses coutures. Comment a-t-elle connu les deux hommes assassinés ? Van Calster peut compter sur le soutien d’une équipe forte, soudée et motivée. Peu à peu, les pièces du puzzle s’assemblent, le mobile pointe le bout de son nez, le coupable se dévoile.
Salomé pour toujours est le deuxième roman policier de Philippe Colmant, traducteur de formation et de profession qui consacre son temps libre à ses deux passions : la photographie et l’écriture. Les ingrédients du polar sont présents : suspense, histoire bien ficelée et travaillée, personnages attachants – on suit notamment une partie de la vie privée du commissaire -, meurtres sanguinaires et mystérieux, plume fluide, rythme soutenu entre moments de tension et de relâchement… Il est plaisant également de se balader dans ce roman truffé de références culturelles, essentiellement musicales. L’auteur est certainement mélomane. Notons toutefois que l’histoire semble légèrement tirée par les cheveux et que le dénouement est un peu « facile ». Le mobile de l’assassin ne convainc pas entièrement et la symbolique du tableau macabre du début aurait pu être davantage exploitée dans l’élucidation des meurtres. Philippe Colmant a certainement encore des flèches à son arc pour bouleverser notre imaginaire et chambouler le suspense.
Émilie Gäbele