Être différent

Loris LIBERALE, Y a pas de lézard, Lansman, 2018, 38 p., 9 €, ISBN : 978-2807102071

Léo a des difficultés à se faire accepter. Quand il parle, il arrive souvent que sa langue fourche, qu’il se mette à bégayer et que son discours en devienne incompréhensible, ce qui provoque évidemment les rires et les moqueries de ses compagnons de classe. Ils le surnomment « Monkey ». Léo essaie de passer outre, mais au fond de lui, il est toujours un peu plus blessé. Parfois, le poids des moqueries étant trop lourd, Léo pique des crises. Il passe le plus clair de son temps seul, à éviter ses camarades et zone dans les couloirs de l’école, ce qui ne plaît pas à l’éducateur. Un des élèves, Rémi, est particulièrement méchant avec lui et veut lui nuire.

Mme Virgule, leur enseignante, essaie tant bien que mal de susciter l’intérêt de tout le monde, mais elle ne peut pas prendre trop de retard et n’est pas psy non plus. Elle propose à ses élèves d’écrire une lettre à la Ministre. Chacun doit y demander quelque chose pour l’école. Mme Virgule organise aussi un voyage à Amsterdam. Certains élèves, dont Léo et Rémi, n’ont toujours pas payé leur participation. Le jour de la remise de l’argent, l’enveloppe de Léo a disparu de son sac. Et le lendemain, c’est toute la cagnotte pour le voyage qui s’est mystérieusement évaporée. Léo se serait-il vengé de tout le mal qu’on lui a fait ? Un autre élève aurait-il volé l’argent ? Ou peut-être serait-ce tout simplement le fruit d’une distraction ? On cherche les coupables. Peu à peu, la souffrance de Léo est révélée au grand jour et les masques tombent.

À travers cette pièce, Loris Liberale aborde la question de la différence et les conséquences qu’elle peut entrainer, notamment en milieu scolaire. Deux malheureux clans se forment souvent : les bourreaux d’un côté, les victimes de l’autre. Et entre les deux, un nombre indéfini de personnes qui préfèrent ne pas s’en mêler. Le plus souvent, ce ne sont que de simples moqueries. Mais les enfants ne se rendent pas toujours compte de la marque indélébile que peut laisser la plus petite des railleries. L’auteur et la Compagnie Sequenza ont amplement raison d’aborder la question de l’altérité et de la responsabilité avec les plus jeunes. En mêlant art et citoyenneté, ils abordent des thèmes d’actualité et ouvrent le débat. Le spectacle, qui a été créé en 2016, se joue et tourne d’ailleurs essentiellement dans les écoles.

Émilie Gäbele