Quand un psy pète une durite

Anne DUVIVIER, Un amour de psy, M.E.O., 2019, 182 p., 17€, ISBN : 2807001882 

Angelo est un psy de cinquante-neuf ans à qui son épouse vient d’annoncer qu’elle est amoureuse d’une autre femme de trente-quatre ans. Magnanime, elle souhaite toujours vivre avec son mari moyennant quelques aménagements. Bien qu’ils soient dans un mariage libre, Angelo vit mal cette nouvelle, qui lui fait l’effet d’un séisme.

Devant Hannah, il a fait le type qui comprenait. Il a même été jusqu’à la serrer dans ses bras quand elle s’est mise à pleurnicher à l’idée du mal qu’elle lui causait, lui qui ne méritait pas ça, qui était si gentil. Comment rivaliser avec une femme ? Un mec, il pourrait lui casser la gueule, le convier à un duel, lui faire avaler ses burnes… mais une nana… Il n’a pas de nichons, lui ! Ni tout le reste… juste une malheureuse bite… et encore… une fois sur deux, mademoiselle fait sa difficile, elle renâcle au travail. Il chasse de son esprit les images libidineuses. Depuis hier, fantasmer sur des gouines en chaleur ne le fait plus bander. Du tout. Il est comme Lamartine devant son lac. Calme plat.

Entre les frasques de sa femme, sa mère dépressive et sa fille qui vient de se faire plaquer par son mari avec deux jeunes jumeaux sur les bras, il a de quoi péter les plombs, et c’est sans compter sur ses patients (des femmes, pour la majorité) qui passent leur temps à se plaindre dans leurs consultations (« Quelle comédie, ce métier ! Une bouffonnerie. Lui-même n’est pas fichu d’en trouver un, de sens, à sa putain de vie. Et il est supposé savoir ! Bordel, il est mal embarqué. »).

Face à ce trop-plein qu’il n’arrive pas à gérer, Angelo se met à accumuler les bourdes : il oublie ses patientes, les écoute à moitié, met des bouchons d’oreilles avec une casse-pieds, il se trompe dans ses rendez-vous, viole le secret professionnel et pour couronner le tout, il couche avec une patiente (et il aime ça !). Mais ce n’est pas tout ! Blessé dans sa virilité et agacé par toutes ces femmes autour de lui, il manque de délicatesse en les confrontant à leurs failles, puis s’enfonce encore plus pour se rattraper. Bref, il n’en rate pas une, à croire qu’il le fait parfois exprès !

Vous l’aurez compris, nous avons ici à lire un récit burlesque où notre héros accumule les aventures et les bévues. Il ne se prend pas au sérieux, est adepte de l’autodérision et a jeté aux orties la langue de bois (« Au moment où Angelo passe rue de la Régence, comme par enchantement une place de parking se libère. Normal, je suis cocu, se dit-il en actionnant son clignoteur. »).

Avec Un amour de psy, Anne Duvivier livre une histoire décalée et politiquement incorrecte d’un psy particulièrement naze qu’on aimerait ne jamais rencontrer en tant que professionnel de la santé. À prendre au second degré !

Séverine Radoux