Merveilleux Monsieur Hulot

David MERVEILLE, Hulot domino, Rouergue, 2019, 40 p., 17 €, ISBN : 978-2-8126-1740-9

Décidément, Monsieur Hulot n’a pas fini d’inspirer David Merveille ! Et c’est tant mieux pour nous. Depuis son délicieux et surprenant Jacquot de Monsieur Hulot, publié aux éditions du Rouergue en 2006 et lauréat du Prix Québec/Wallonie-Bruxelles en 2007, l’auteur-illustrateur bruxellois, qui est aussi professeur à Saint Luc, a consacré quelques ouvrages à cet emblématique personnage des films de Jacques Tati : Hello Monsieur Hulot (qui reçut le prix de l’album belge Libbylit en 2011), Monsieur Hulot à la plage, sans oublier le catalogue de quatre-vingts planches Monsieur Hulot s’expose. Autant d’albums illustrés truffés de clins d’œil cinématographiques, d’humour et de poésie.


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Cette fois-ci, David Merveille s’essaye aux découpes lasers. Il n’utilise pas cette technique de pointe gratuitement mais bien pour créer un jeu graphique au service du propos du livre. Comme dans un théâtre d’ombres chinoises, la silhouette – très reconnaissable – de Monsieur Hulot se découpe en noir sur fond blanc, comme pour le saisir dans une attitude. Lorsque le lecteur tourne la page, surprise : si la silhouette est toujours la même, elle apparaît cette fois dans un tout autre contexte. Ainsi, alors que Hulot jouait au tennis, on le découvre ensuite tenant non plus une raquette mais une poêle à frire : il fait des crêpes (pour son neveu ?). Plus loin, alors qu’il roule assis dans sa voiture, la scène se transforme : le voici dans sa baignoire, savon (et non plus volant) à la main.

C’est sur ce principe que s’enchainent de façon très ludique différentes saynètes, comme des dominos, à travers une sorte de « marabout-bout de ficelle » illustré. Jeux de formes, donc, mais aussi palette de couleur maitrisée et qui fait pleinement sens. L’aboutissement du travail graphique rend merveilleusement hommage au cinéma de Tati. Dans les différentes scènes, présentées sous forme de strips, on retrouve la malice, la fantaisie de ses films, la fausse naïveté du ton, le côté enjoué et joyeusement décalé du personnage. S’il constitue une réussite en tant que tel, le livre offre aussi une excellente occasion d’initier les enfants à ces petits chefs d’œuvre du 7e art.

Un album sans texte mais plein de surprises pour les petits lecteurs à partir de 4 ans.

Fanny Deschamps