Christophe KAUFFMAN, 68-18, Tétras Lyre, 2020, 76 p., 14 €, ISBN : 978-2-930685-50-2
68-18 de Christophe Kauffman,
c’est 57 sonnets sur cinquante années,
vers cette fatalité, heurtant de sa canne :
Désormais j’ai vécu plus que je ne vivrai.
Ce qui nous conduit à cette double détresse :
la vie sera plus lente et passera plus vite.
Depuis sa naissance, l’auteur conte ses bles-
sures et trouve à l’alexandrin cent mérites.
Pieds, rimes, hémistiches rythment l’écriture,
assurant une structure et de la pudeur
à l’intimité que, grâce aux mots, l’on affleure.
De confessions familiales aux aventures
de toute une vie, ses histoires en nombre,
tel un feu, vacillent entre lumen et ombre.
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Certains vers se détachent comme des lucioles.
On n’alunira plus. Il faut changer de cible.
On n’alunira plus. Il faut rester au sol.
Nos corps sont atteints d’une gravité sensible.
Toujours ce réel qui nous attache et remplit.
La vie de comédien, d’artiste, de diseur…
On s’essouffle. On s’assied. Est-ce déjà fini ?
Quand est-ce que ça commence ? Est-ce quand on meurt ?
Christophe Kauffman renchérit avec ceci :
C’est l’ennui que l’on mange, affamé d’un désir
encore inassouvi et l’ennui fait grossir.
La montre est un monstre si lourd, aveugle et gourd.
La nuit est longue et froide, il pleut depuis toujours.
For les poètes ont ce cadeau : un sursis.
Tito Dupret