Maxime BULTOT, L’année la plus chaude, JC Lattès, 2021, 250 p., 18 € / ePub : 12.99 €, ISBN : 978-2-709667-38-8
Jeune auteur belge de 32 ans formé à l’INSAS, Maxime Bultot travaille comme réalisateur, scénariste et assistant à la mise en scène. L’année la plus chaude est son premier roman.
Dans ce livre sorti le 7 avril en librairie, Maxime Bultot nous sert une narration de l’infime. Le récit d’un quotidien qui s’étire dans l’ennui d’un bled wallon chauffé à blanc pendant les deux mois d’été.
Un été caniculaire.
Celui d’Alex qui vient de fêter ses 13 ans dans une relative indifférence. L’été où, avec Jérôme et Sophie – les potes comme des frangins – ils ont « perdu les Caraïbes », cet ancien trou de carrière rempli d’eau où ils ont l’habitude de trainer, à ramasser les objets oubliés pour en faire, un jour, un musée. Parce que c’est désormais Marko qui règne en maitre sur le point d’eau. Marko, caïd du coin gonflé à la bière et toujours flanqué de ses sbires, dressés comme des dobermans prêts à mordre le premier qui osera poser un orteil dans le périmètre sacré. Une telle perte, ça laisse du temps à Alex. Le temps de transpirer sur les deux kilomètres qui séparent le village de la zone commerciale climatisée où il se rendent, Maman et lui, pour tromper l’ennui. Maman, corsetée dans son rôle de mère au foyer, dont la seule liberté se résume à la clope fumée à la fenêtre de sa cuisine, qui lui confie son envie de tout quitter.
Ça laisse aussi le temps à Alex de tout faire pour éviter Papa et ses grands projets pour la maison maintenant qu’il est au chômage. Papa, qu’on surnomme Robert (comme le facteur, mort d’avoir bu trop de péket) dès qu’il attaque son rouge grand cru (premier prix au Aldi) en jurant les grands dieux qu’il ne boit que le week-end.
Un été à cuir sous les 39 degrés d’une barre de mercure qui ne baisse jamais, en attendant la rentrée de septembre et un nouveau collège. Sans Jérôme et Sophie. Pour la première fois de sa vie.
À moins que…
… le rayon doré qu’Alex a repéré dans l’eau la dernière fois qu’ils sont allés aux Caraïbes ne puisse tout changer. Un lingot d’or comme une promesse pour tout réparer.
Sauf que parfois il n’y a rien à sauver. Ou plutôt rien à sauver quand on a 13 ans.
Parce que cet été, c’est celui de la fin. De l’enfance. De la vie de famille.
Mais c’est aussi le début.
Première clope. Première bière. À se raconter que les amis c’est tout ce qui compte, et tout faire pour récupérer le lingot perdu dans cette nuit qui change tout. Une nuit pour se fabriquer un souvenir. Et se rappeler ce quelque chose, comme un lien, qui trouvera toujours le chemin.
Parce que tout recommence. Toujours. Et tout est à faire. Et parce qu’une trajectoire n’est pas tant définie par l’endroit d’où l’on vient que par le rayon doré que l’on entreverra sur la route, plus loin, sur laquelle on embarque, emmené par la confiance en ce qui aura été vécu cet été là. À trois. Et qui offre une autre manière de regarder le monde désormais connectés à ses sensations.
Un été pour enfin crier et se libérer et ressentir le souffle. Le sien. À soi. Parce que L’année la plus chaude c’est l’été où Alex s’est mis à crier.
L’année la plus chaude est publié chez JC Lattès dans la collection « La grenade », un nouveau label piloté par Mahir Guven (lauréat en 2018 du Goncourt du Premier Roman pour Grand Frère paru en 2017 chez Philippe Rey). On dit de « La grenade » qu’elle est une bombe créée par et pour « des nouvelles voix. Explosives. Exotiques. Débordantes d’énergie. De souffle ». Un nouveau label dont l’ambition est de mettre à l’honneur les premiers romans « de pépites issues de France et du monde francophone ».
Amélie Dewez