Jean-Pierre OTTE, La bonne vie, Cactus Inébranlables, 2021, 70 p. 10 €, ISBN : 978-2-39049-031-9
L’histoire du petit livre signé Jean-Pierre Otte, La bonne vie, qui paraît aux éditions Cactus Inébranlable, est insolite et touchante.
L’auteur a hébergé durant l’hiver 2008 un jeune Russe de Crimée, Sergueï, inscrit à l’université, à Paris, pour une année de cours qui ne le captivaient guère, et qui s’est mis en quête d’autres horizons.
Au fil des semaines, le jeune homme s’est pris d’amitié pour les livres, les nombreux articles de son hôte, épinglant des passages, les recopiant dans un cahier qu’il intitula La bonne vie et dont il lui donna une copie quand, au mois de mars, il résolut de regagner Paris.
Depuis lors, Sergueï s’est volatilisé… Reste l’écho de sa lecture passionnée, que Jean-Pierre Otte nous transmet avec un sourire.
Nous y glanons des réflexions, suggestions d’un art de vivre, d’être présent au monde :
« Notre meilleur instrument d’investigation, c’est nous-même, ce que nous sommes, ce que nous ne sommes pas et qui compte tout autant comme un contrepoids ou un pendant d’ombre. »
« Il s’agit d’habiter un lieu qui corresponde à ce qui nous habite. »
« En faisant régulièrement l’expérience du vide intérieur, par cette expérience même, on se libère des tourbillons d’images qui se substituent aux choses, on se délivre des reflets trompeurs et des impressions parasites, et l’on se retrouve élagué à l’essentiel, libre. »
« Tout dépend en définitive de ce que nous faisons intérieurement de ce qui nous arrive, quel miel nous tirons du capital de vie qui s’accumule dans les alvéoles de nos mémoires. »
Sommes sensibles, ici et là, à un ton de confidence :
« Le coup de foudre, c’est reconnaître l’autre avant de le connaître. »
« Dans l’aventure amicale ou amoureuse, l’erreur est toujours de chercher à percer le mystère intime de l’autre ou de se montrer soi-même sans ombre. »
Découvrons une vision éclairante, subtilement réinventée, de la solitude :
« Au contraire de la solitude que l’on subit, cloisonnée, astringente, asséchante, en peau de chagrin, voilà celle, prodigieuse et profonde, que l’on choisit en optant pour sa propre présence dans la jouissance même de la vie. Quel espace libre sous la peau, tout à la fois illimité et intime ! »
Comment ne pas conclure en méditant sur le titre de ce petit livre compagnon de route :
« La bonne vie, c’est le présent merveilleux d’un homme qui en a fini avec l’espérance et toutes les nostalgies. »
Francine Ghysen