Pierre-Marie DUMONT-SAINT MARTIN, Le temps du muguet, LiLys, 2021, 417 p., 24,5 €, ISBN : 978-2-390560-16-6
Liège, mai 1940, Élise et Gérard s’offrent, ainsi qu’à leurs deux enfants, une parenthèse musicale. Des jours sombres s’annoncent, les deux musiciens hantés par les souvenirs de la Grande Guerre le savent. Elle au piano, lui à la flûte, ils savourent les derniers instants avant leur inéluctable séparation. Tout est prêt pour le départ d’Élise avec les enfants. De son côté, Gérard, vétéran de 14-18, officier de réserve dans l’aviation et instructeur de jeunes pilotes, s’apprête à servir son pays à nouveau. Et c’est une mission très particulière qu’il se voit confier.
Sa carrière internationale de musicien lui confère bien des qualités : il est polyglotte, connaît bien l’Allemagne et a une couverture toute trouvée pour opérer en terrain ennemi. « Tous les musiciens en âge de porter les armes servaient dans la Wehrmacht ou dans la Luftwaffe comme Flakhilfe (assistant de défense antiaérienne) et l’arrivée providentielle d’un suppléant de haut niveau était une vrai bénédiction. » Officiellement, le flûtiste vient chercher en Allemagne le travail introuvable dans le reste de l’Europe. Évidemment, c’est du pipeau. Discrètement, intelligemment, Gérard se renseigne sur une arme d’un genre nouveau et d’une puissance exceptionnelle, qui mobilise de mystérieuses substances et le travail acharné de nombreux scientifiques des différents belligérants.
La Deuxième guerre mondiale a inspiré et continue d’inspirer de nombreux romans. La particularité de celui-ci est de nous tenir loin des combats et des camps, pour nous plonger dans l’histoire de la course à la bombe. Nous plonger, ou plutôt nous faire survoler car l’aviation est omniprésente. Les descriptions détaillées des combats aériens raviront les passionnés et pourront tout aussi bien lasser les profanes qu’éveiller leur curiosité. La progression vers l’arme atomique est également relatée de manière très pédagogique. Globalement, le cadre historique, scientifique et technologique du récit est très bien documenté. Et même si le style est parfois hésitant, l’histoire d’espionnage que Pierre-Marie Dumont Saint Martin y met en scène est captivante. Happé par les aventures de Gérard, on suit avec le même intérêt les événements réels ou inventés qui surviennent au fil des pages. On aurait simplement aimé que ces dernières fassent l’objet d’une relecture plus attentive, pour ne pas être distraits par les diverses coquilles qui les parsèment. Gageons que cela n’empêchera pas les lecteurs de s’émouvoir du destin des protagonistes, et d’espérer avec eux que revienne Le temps du muguet.
Estelle Piraux