« Chante la vie, chante »

David GIANNONI, Il faut savoir choisir son chant, maelstrÖm reEvolution, 2022, 314 p., 17 €, ISBN : 978-2-87505-429-6

giannoni il faut savoir choisir son chant« Il avait levé les yeux pour contrôler l’état de la toiture. / Six cents trous de lumière perçaient les tuiles. / Entre chaque rayon / Son être entier / Riait. » Tel est le chant inaugural par lequel David Giannoni inaugure son recueil de « poécontes » (mot-valise à l’évidence poétique se passant d’explication). Au moment-même où ces mots ont été posés, l’évidence a surgi : ils constitueraient le début d’un voyage de « 108 poèmes, 108 chants, 108 variations d’un même chant, 108 perles d’un chapelet tout personnel et qui à la fois devait pouvoir se faire universel ». Giannoni a alors commencé une expérience tout en réceptivité qui durerait près de quatre ans. Accueillir le Verbe quand et comme il se présenterait, lui donner temps et forme, et finalement le prodiguer ; une démarche d’art et de spiritualité, pleine et généreuse.

Il faut savoir choisir son chant se compose de proses expérimentales et réflexives dans lesquelles un « Il », à l’ombre du maître et au côté d’élèves, parcourt les routes de l’éveil au sein du Temple du Chemin. Poème après conte, les choses, les êtres, les idées se transforment dans un continuum de fluidité ; tenter de les retenir ? vanité. La permanence ne réside que dans la joie, la perméabilité et le questionnement. Laisser partir, traverser, rêver, respirer, se connecter, interpréter, être vivant et « accomplir infiniment / ce qui toujours / reste / inaccompli », voilà la partition de la quête où « le secret est le mouvement / et l’instant dans chaque mouvement ».

En mots et en chiffres partagés, ces chants requièrent l’implication du corps pour se faire entendre, résonner. Ils appellent le souffle porteur, passeur, engendreur. C’est à voix haute et oreilles ouvertes qu’ils vibrent le plus authentiquement… Quoi de plus juste, au demeurant, pour des chants ? Chaque méditation – le conte pousse à la réflexion, la poésie multiplie les dimensions – possède sa longueur propre, son rythme particulier. S’inscrivant dans le grand Tout aux contours invisibles, les chants se donnent en fragments et distillent les gouttes d’une essence mystique soutenue par un style de douceur et sincérité. Les doutes et les non-réponses s’acceptent au fur et à mesure que les sillons textuels et lumineux se creusent. C’est un beau voyage éveillé, en connexions et en confiance, que Giannoni propose, en soi et bien au-delà…

Samia Hammami