La Fondation Pierre Nothomb lance la revue L’égrégore, consacrée à l’écrivain et homme politique Pierre Nothomb.
Peu nombreux sont les auteurs et autrices belges qui peuvent se targuer d’avoir une revue à leur nom. Simenon est de ceux-là, comme François Jacqmin ou Maurice Carême (le Bulletin Maurice Carême a cessé de paraitre en 2016). La (brève) liste s’est enrichie d’une nouvelle ligne, puisque Pierre Nothomb (Tournai 1887 – Habay-la-Neuve 1966) a désormais lui aussi une revue dédiée, éditée par la Fondation qui porte son nom.
La Fondation Pierre Nothomb
La Fondation Pierre Nothomb a été créée en 1967, suivant la volonté de l’écrivain décédé l’année précédente. Elle est en charge d’une triple mission, comme nous l’explique son secrétaire Louis Morès. Tout d’abord « soutenir et organiser la Bénédiction de la Forêt à Habay-la-Neuve, célébration religieuse et littéraire de la Nature initiée par Pierre Nothomb en 1937, qui a lieu au début de l’automne », mais aussi « organiser le prix Pierre Nothomb, prix d’écriture ouvert à tous les écrivains, novices comme confirmés, et demandant l’écriture d’une forme-thème originale, dans l’esprit d’encouragement qui fut celui de l’écrivain-poète », et donc « publier L’égrégore ».
Un auteur méconnu
Écrire que la reconnaissance posthume de l’œuvre littéraire de Pierre Nothomb est timide n’est pas faire injure à l’écrivain. Sans doute beaucoup de lecteurs ne le connaissent-ils même que par le biais du portrait, hilarant mais vachard, qu’en dresse son arrière-petite-fille Amélie dans Premier sang (Prix Renaudot 2021). En créant la revue L’égrégore, la Fondation Pierre Nothomb s’attèle à la redécouverte de l’œuvre littéraire, de la personnalité et de l’action de celui qui fut poète, romancier, et membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Égrégore
Égrégore ? Le mot désigne l’esprit de groupe – une notion qui résonne à la fois avec le travail collectif entrepris par la revue autour de la figure de Pierre Nothomb et le rôle qu’a joué l’écrivain lui-même, fédérant au Pont d’Oye un cercle intellectuel dynamique et ouvert. L’égrégore est d’ailleurs le titre de l’un de ses livres, publié en 1945.
Paraissant au rythme d’un numéro par année, L’égrégore se présente sous la forme d’un cahier au format A4, agrémenté de nombreux documents iconographiques. Le périodique aborde les différentes facettes du travail de Pierre Nothomb. Sous les plumes diverses qui y contribuent (membres de la Fondation, personnes qui l’ont connu, membres de sa famille, écrivains, spécialistes de la littérature…), la revue propose des études, des souvenirs, des textes de Pierre Nothomb et même de la fiction. On y redécouvre les grandes étapes de l’œuvre abondante de l’écrivain, des informations sur son positionnement dans la mouvance des écrivains chrétiens – « notre plus grand poète catholique », avance Claude Raucy dans le premier numéro – et de son parcours politique ; les contributeurs rappellent surtout qu’il a accueilli au château du Pont-d’Oye où il s’est établi des personnalités intellectuelles de premier plan, y recevant et encourageant aussi les jeunes auteurs, appuyant avec force la création de l’académie luxembourgeoise. Un article d’Aurélien Guiot évoque encore l’importante bibliothèque de l’auteur, toujours en cours d’inventaire, qui recèle notamment plusieurs ouvrages envoyés par de prestigieux dédicataires, tel François Mauriac.
La deuxième livraison contient un dossier thématique sur les relations entre Nothomb et Maurice Barrès, évoquant notamment la correspondance entre les deux hommes. Le sujet est potentiellement épineux : écrivain, Barrès est aussi une figure du nationalisme et de l’antisémitisme. Les différentes contributions au dossier, signées par Louis Morès, Charles-Ferdinand Nothomb, Aurélien Guiot, ou encore Frédéric Saenen, abordent sans tabou ces aspects problématiques, sans oublier pour autant les qualités littéraires de l’écrivain français, mais montrent que si Pierre Nothomb éprouvait une admiration et une amitié réelles pour Barrès, il n’a pas suivi son aîné sur les chemins inacceptables. Il a surtout conservé de la pensée de Barrès la notion d’ « enracinement », qu’il s’est appliquée à lui-même en achetant le domaine du Pont d’Oye, pour s’établir sur la terre de ses ancêtres. La citation de Pierre Nothomb choisie pour exergue de la revue, « Plus je me suis enraciné, plus je me suis senti libre », souligne l’importance de cette idée dans le parcours de l’écrivain.
Un enracinement dont L’égrégore s’attachera à présenter les innombrables rhizomes.
Nausicaa Dewez
En pratique
La revue L’égrégore est disponible au numéro exclusivement, via la Fondation Pierre Nothomb ou la librairie du Service du livre Luxembourgeois, au prix de 10 € par numéro.
- fondation.pierrenothomb@gmail.com
- Librairie du Service du livre luxembourgeois
Bibliothèque provinciale
Chaussée de l’Ourthe, 74
6900 Marche-en-Famenne
Plus d’information
- Il existe deux fonds d’archives Pierre Nothomb : l’un est conservé dans les archives de l’UCLouvain, l’autre aux Archives & Musée de la littérature
- L’appel à candidatures pour le prix Pierre Nothomb 2023
- La fiche de Pierre Nothomb