Éric NEIRYNCK, Hypertextuel, Lamiroy, 2022, 124 p., 14 €, ISBN : 978-2-87595-692-7
Éric Neirynck publie coup sur coup des recueils de nouvelles, des récits, des courts romans dont l’épicentre correspond à un irréversible processus d’ensablement, d’étouffement et de perte de soi, ou de ce qu’il en reste. Et pourtant ces textes ne parlent pas d’un monde malheureux mais médiocre, raté, en déconstruction permanente, dont le chantier est à ciel ouvert et où les êtres tombent sans un cri.
De texte en texte l’auteur fore de plus en plus profond cette sorte de sidération que ses personnages ont pour les vies gâchées, le mépris de soi et des autres, surtout des femmes qu’ils prétendent aimer alors qu’ils forniquent sans joie. Ces situations reviennent sans cesse dans Hypertextuel : c’est la chasse aux performances inachevées, la déréliction permanente , la vodka, les cigarettes, les aubes épuisées et froides et une solitude que l’auteur parvient à nous laisser entendre comme étant finalement une des formes de l’enfer domestique (ce « cauchemar climatisé » dont parlait Henri Miller) qui tord une partie de la population mondiale incapable d’échapper aux injonctions de la moelle épinière pour atteindre un lobe plus ou moins construit du cerveau. Ce sont, non des désirs, mais des besoins de jouissance immédiate qui manipulent ces êtres de l’instant. Continuer la lecture