Archives par étiquette : Dostoïevski

La déception inaugurale

Hubert CHATELION, Sous-Dostoïevski, préface de Frédéric Saenen, 2022, 282 p., 16 €, ISBN : 978-2-931048-49-8

chatelion sous dostoievskiNous sommes à Bruxelles en 1932 et Hubert Chatelion vient de terminer son premier roman Sous-Dostoïevski. Aussitôt il veut le publier… à Paris mais celui-ci ne trouve pas preneur. C’est à compte d’auteur qu’iI le publiera à Bruxelles. Et c’est dans l’anonymat le plus complet que cette œuvre se noiera dans le silence de la presse à l’exception de l’un ou l’autre qui d’emblée verront dans Hubert Chatelion un écrivain à la belle stature : Robert Poulet et Franz Hellens.

Mais qui est donc cet écrivain belge que les Editions Névrosée nous permettent de redécouvrir aujourd’hui? Sous-Dostoïevski résonne fortement en cette période de “Lisez-vous le belge?” car encore et toujours, le tropisme parisien est la tentation la plus forte et souvent la plus évidente quand il s’agit d’établir une œuvre en Belgique francophone. Reconnaissance de la presse, diffusion et distribution, mémoire collective en forme de passoire… : les difficultés pour des éditeurs et éditrices, des auteurs et autrices de construire un réseau de lectorat sont nombreuses et anciennes. De nouveaux outils de promotion et de révélation existent et se multiplient mais le commerce a sa loi… Continuer la lecture

Par la grâce de la Muse

Éric NEIRYNCK, J’ai un projet : devenir fou, Lamiroy, 2020, 123 p., 12 €, ISBN : 978-2-87595-260-8

J’ai un projet : devenir fou, le dernier livre d’Éric Neirynck, fait référence à une citation de Fiodor Dostoïevski, reprise par Bukowski et claquant comme la bannière de tant d’écrivains ou artistes rongés par une fièvre d’inadaptation sociale vertigineuse… Ces rares auteurs célébrés par le narrateur de ce court roman aux allures de provocation ressemblent plutôt au parfait portrait d’un auteur empêtré dans des illusions de littérature et d’édition qui ont toujours été le véhicule des rêves avortés. Continuer la lecture

Henry Bauchau, les jours et les rêves…

Un coup de coeur du Carnet

Henry BAUCHAU, Dernier journal. 2006-2012, Actes Sud, 2015, 690 p., 27, 50 €

bauchauLa fréquentation d’un journal intime constitue toujours une expérience particulière. En effet, le lecteur découvre, sans solution de continuité, le contenu événementiel d’une temporalité vécue par le diariste, alors que ce dernier, au moment de la rédaction, aura éprouvé tout différemment la dilatation des heures et des jours. Ce décalage, chronologique et qualitatif, est d’autant plus troublant quand on a affaire à un personnage de la stature d’Henry Bauchau. Continuer la lecture