Laurent DE SUTTER, Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle, Seuil, coll. « Anthropocène », 2020, 96 p., 9,90€, ISBN : 978-2-02-145828-2
Laurent DE SUTTER, Changer le monde, Observatoire, coll. « Et après ?», #11, 2020, 38 p., ePub : 1.99 €, ISBN : 979-1-03-291581-3
Ô combien roboratifs en cette époque obtuse s’avèrent les deux derniers essais de Laurent de Sutter, Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle et Changer le monde.
Sa percutante lettre à Greta Thunberg montre combien la jeune femme a réveillé nos consciences endormies, pointé notre déni, secoué notre inaction. Par son surgissement inattendu, insolite dans l’espace public, elle a introduit une nouvelle différence là où régnait une criminelle indifférence. Laurent de Sutter interroge la mobilisation planétaire sans précédent que Greta Thunberg a soulevée et la levée de boucliers qu’elle a suscitée de la part des écocidaires et des planqués, complices du système d’extermination du vivant. Elle a fait bouger les lignes en alertant sur l’urgence climatique, l’urgence à sauver les formes du vivant habitant cette Terre. Pour l’auteur, la force de ralliement, la singularité de son engagement viennent de ce qu’elle a délaissé la connaissance (qui, laissant tout en place, est complice de la dévastation écologique) au profit du savoir (savoir-pratique au sens de praxis). Quelques salves bien décochées visent la culture d’hyperlettrés accrochés à leur trône, ceux-là mêmes qui ont conspué Greta Thunberg pour avoir transgressé les règles des discours acceptables, c’est-à-dire la police de la pensée. Or, elle est un hapax dans l’ordre discursif. On ajoutera que, souvent, les hyperlettrés sont, comme les sous-lettrés techniciens, des analphabètes de la vie. G. Thunberg se place sur le plan de la vie (mise à mort, malade, assassinée) et non sur celui des discours, de l’empire de la connaissance. Continuer la lecture