Archives par étiquette : Laurent de Sutter

Rentrée littéraire 2023 : abondance et diversité

rentrée littéraire 2023

Le rituel est connu : chaque année en juin, les maisons d’édition dévoilent le programme de leur rentrée littéraire. Et lectrices et lecteurs de partir en vacances avec la certitude de trouver en librairie, dès la mi-août, pléthore de nouveaux livres qui adouciront à n’en point douter le retour à la vie professionnelle.

Cette année encore, auteurs et autrices belges seront nombreux à participer à ce temps fort de l’année éditoriale. La rentrée littéraire est traditionnellement associée au roman. Il ne sera pas, loin s’en faut, le seul genre à faire l’actualité cet automne, mais il en sera certainement l’un des points névralgiques. Tour d’horizon des sorties annoncées. Continuer la lecture

Bilans 2022 : nos livres de l’année

Tout au long du mois de décembre, nous avons présenté les sélections 2022 des chroniqueurs et chroniqueuses du Carnet. Voici les livres qui ont été le plus souvent cités. Continuer la lecture

Le Top 2022 d’Éric Clémens

Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2022 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. La sélection d’Éric Clémens. Continuer la lecture

Le Top 2022 de Véronique Bergen

Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2022 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. La sélection de Véronique Bergen. Continuer la lecture

Vertus et enjeux du danger

« Gimme danger » chantaient les Stooges

Un coup de cœur du Carnet

Laurent DE SUTTER, Éloge du danger (Propositions, 2), PUF, coll. « Perspectives critiques », 2022, 140 p., 13 €, ISBN : 978-2-13-082702-3

De Sutter éloge du dangerChez Laurent de Sutter, l’exercice de la pensée prend la forme d’un protocole d’expérimentation qui combine passion de l’axiomatique, musique de la jurisprudence et méditation tout en paradoxes. On peut voir dans les traités aussi denses que jazzy qu’il délivre la version juridico-philosophique des Petits traités que Pascal Quignard assemble sous le titre de Dernier royaume. Après Pour en finir avec soi-même (Propositions, 1), Éloge du danger (Propositions, 2) déroule un paysage conceptuel qui ausculte la notion de danger et celles, limitrophes et combien différentes, de risque, de péril. Continuer la lecture

Le Top 3 de Véronique Bergen

Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2021 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. La sélection de Véronique Bergen. Continuer la lecture

Pour en commencer avec le devenir…

Laurent DE SUTTER, Pour en finir avec soi-même (Propositions, 1), Presses universitaires de France, coll. « Perspectives critiques », 2021, 214 p., 16 € / ePub : 12.99 €, ISBN : 9782130827009

de sutter pour en finir avec soi-mêmeCe n’est peut-être pas tout le monde pareil, ou peut-être que si, mais nous avons souvent l’impression de vivre arrimés, assujettis, immobilisés, assignés à une identité. Obligés d’être soi. Impression ? Réalité ? Que faire ? Pour dépasser cet état, détecter, affronter les éventuelles chaînes, camisoles, injonctions, certain·e·s pensent que la force est en eux, dans les ouvrages de développement personnel ; d’autres, plus sagement et plus aventureusement, préfèrent se plonger dans des œuvres émancipatrices, comme celle de Laurent de Sutter, par exemple. Continuer la lecture

Laurent de Sutter, lutteur de fond

Laurent DE SUTTER, Hors la loi, Théorie de l’anarchie juridique, Les liens qui libèrent, 2021, 112 p., 12 € / ePub : 8.99 €, ISBN : 9791020909657

de sutter hors la loiIl y a, au minimum, deux façons d’aborder le dernier essai de Laurent de Sutter. La première consisterait à situer Hors la loi (remarquer d’emblée l’absence de traits d’union…) dans le sillage de Magic, Théorie du kamikaze, L’âge de l’anesthésie, Après la loi, bref des nombreux titres qui jalonnent sa patiente réévaluation critique d’une « post-post-modernité » qui n’en finit pas. Mais on peut aussi l’approcher comme une réflexion tenant d’un bloc, dans sa dimension avouée dès les premières lignes de piège. On l’examine alors comme l’un de ces casse-tête, faits d’une cordelette à nœud marin, d’un écrou et de deux rivets de bois ; de cette simplicité élémentaire dont on sait que, à peine y aura-t-on porté les doigts, l’intrication complexe s’en révélera. Continuer la lecture

Le Top 3 de Véronique Bergen

Chaque jour, Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2020 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. Aujourd’hui : la sélection de Véronique Bergen. Continuer la lecture

French Voices Award : l’ambassade française aux USA dévoile ses lauréats

Laurent De Sutter

Par Laurent de Sutter — Travail personnel, CC BY-SA 4.0

L’ambassade française aux États-Unis a communiqué les six titres sélectionnés pour la première session 2020 du French Voices Award.  Continuer la lecture

Burroughs. Pour en finir avec les shits

Un coup de cœur du Carnet

Laurent DE SUTTER, Johnsons & Shits. Notes sur la pensée politique de William S. Burroughs, Léo Scheer, 2020, 96 p., 15 €, ISBN :  9782756113227

« Hé mec, vous tenez là un grand livre, un livre dément. Une bombe ». Voilà ce que William S. Burroughs s’exclamerait s’il éprouvait l’envie de quitter le monde des morts pour faire un tour dans le marécage du 21e siècle. À coup sûr, la qualité des substances psychotropes le décevrait mais l’essai de Laurent de Sutter Johnsons & Shits. Notes sur la pensée politique de William S. Burroughs qu’un dealer de Bruxelles lui fournirait en bonus l’exalterait. Si  Burroughs est connu et reconnu comme écrivain majeur de la Beat Generation (Le festin nu, Les garçons sauvages, La machine molle, Junky, Queer, Nova Express…), la vision du monde qu’il élabora dans ses essais et conférences n’a pas fait l’objet de nombreuses recherches. C’est au cœur des observations burroughsiennes sur le monde, sur la pensée, les techniques de contrôle que Laurent de Sutter nous plonge, nous dotant d’une arme conceptuelle fabuleuse pour penser et agir sur le présent. Continuer la lecture

Sur Greta Thunberg et l’archéologie des épidémies

Laurent DE SUTTER, Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle, Seuil, coll. « Anthropocène », 2020, 96 p., 9,90€, ISBN : 978-2-02-145828-2

Laurent DE SUTTER, Changer le monde, Observatoire, coll. « Et après ?», #11, 2020, 38 p., ePub : 1.99 €, ISBN : 979-1-03-291581-3

Ô combien roboratifs en cette époque obtuse s’avèrent les deux derniers essais de Laurent de Sutter, Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle et Changer le monde.  

Sa percutante lettre à Greta Thunberg montre combien la jeune femme a réveillé nos consciences endormies, pointé notre déni, secoué notre inaction. Par son surgissement inattendu, insolite dans l’espace public, elle a introduit une nouvelle différence là où régnait une criminelle indifférence. Laurent de Sutter interroge la mobilisation planétaire sans précédent que Greta Thunberg a soulevée et la levée de boucliers qu’elle a suscitée de la part des écocidaires et des planqués, complices du système d’extermination du vivant. Elle a fait bouger les lignes en alertant sur l’urgence climatique, l’urgence à sauver les formes du vivant habitant cette Terre. Pour l’auteur, la force de ralliement, la singularité de son engagement  viennent de ce qu’elle a délaissé la connaissance (qui, laissant tout en place, est complice de la dévastation écologique) au profit du savoir (savoir-pratique au sens de praxis). Quelques salves bien décochées visent la culture d’hyperlettrés accrochés à leur trône, ceux-là mêmes qui ont conspué Greta Thunberg pour avoir transgressé les règles des discours acceptables, c’est-à-dire la police de la pensée. Or, elle est un hapax dans l’ordre discursif. On ajoutera que, souvent, les hyperlettrés sont, comme les sous-lettrés techniciens, des analphabètes de la vie. G. Thunberg se place sur le plan de la vie (mise à mort, malade, assassinée) et non sur celui des discours, de l’empire de la connaissance. Continuer la lecture

Laurent de Sutter. Radiographie du scandale

Laurent DE SUTTER, Indignation totale. Ce que notre addiction au scandale dit de nous, Observatoire, coll. « La relève », 2019, 144 p., 15 € / ePub : 10.99 €, ISBN : 979-10-329-0411-4

Fin limier des mythèmes contemporains, des tropismes des régimes de pensée, Laurent de Sutter démonte la boîte noire du scandale, repérant les mécanismes, les ingrédients qui le nourrissent, les ressources qu’il mobilise. La scène que Laurent de Sutter embrasse avec maestria est celle de notre monde saisi sous l’angle du réflexe de l’indignation qui règne en maître. Les titres des cinq chapitres (Et, Car, Donc, Mais, Ni) qui scandent cet essai d’une haute pyronoésie renvoient à la classe des conjonctions de coordination condensée dans la phrase mnémotechnique « Mais où est donc Ornicar ? » (Rappelons qu’Ornicar est la revue du champ freudien). Délaissant les causes, le « pourquoi » de la propension à l’indignation au profit de son « comment », l’ouvrage analyse ce dont l’indignation est le symptôme, la structure de pensée sur laquelle elle s’appuie. À rebours de l’opinion consensuelle selon laquelle le scandale est affaire de passions, d’affects épidermiques, Laurent de Sutter y lit le surgeon d’une raison butant sur son impasse. Dès lors qu’une équation entre « âge du scandale » et « âge de la raison » est posée, l’appel auquel l’essai nous convie se formule dans les termes d’un « pour en finir avec la raison », ce qui implique de sortir de la spirale du scandale. Cinq affaires récentes, venues d’horizons différents, ayant toutes suscité un tollé mondial servent de points de départ, #MeToo ; le bras-de-fer Tsipras, Syriza/l’Union Européenne ; les caricatures de Mahomet ; Nestlé et l’extraction des eaux de la Strawberry Creek ; la photographie du cadavre de l’enfant migrant Aylan Kurdi, échoué sur une plage. Continuer la lecture

Le tournant postcritique

Un coup de cœur du Carnet

Laurent DE SUTTER (dir.), Postcritique, PUF, 2019, 296 p., 21 € / ePub : 16.99 €, ISBN : 978-2-13-081745-1

Conçu comme un manifeste appelant à une sortie du règne de la critique, Postcritique, l’ouvrage collectif dirigé par Laurent de Sutter, interroge brillamment l’hégémonie actuelle de la critique, plus précisément la définition de la pensée (en tous ses régimes, ses registres, ses disciplines) comme critique. L’on pourrait avancer que cet ouvrage produit une critique de la critique, une généalogie d’une posture de pensée qui, héritée des Lumières, entend placer son exercice sous le signe d’un examen de ses conditions. Mais, davantage qu’une critique de la critique, les contributions inventent un pas de côté, tirent des lignes de fuite, proposant « un régime de pensée alternatif à sa soumission à l’exigence de lucidité — un régime de pensée postcritique » (Laurent de Sutter). Valorisation de l’esprit critique, critique littéraire, de cinéma, d’art, héritage du criticisme kantien, des philosophies critiques de Nietzsche, Marx, de l’École de Francfort, de Foucault… : de nos jours, sévit une pensée critique qui, devenue un mot d’ordre, se pose comme dotée d’une absolue légitimité. Discriminante, elle disqualifie ce qu’elle tient pour illusoire. Continuer la lecture

Les prix de l’Académie

Les auteurs et autrices récompensés en 2019 (c) Académie royale

Comme chaque année, l’Académie royale de langue et de littérature françaises a remis, ce samedi 9 mars, ses prix littéraires. Des récompenses qui couvrent des genres littéraires variés et saluent la création littéraire belge francophone dans son ensemble.

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Manifeste pour une pop’philosophie

Un coup de cœur du Carnet

Laurent DE SUTTERQu’est-ce que la pop’philosophie ?, PUF, 2019, 128 p., 7 € / ePub : 5.49 €, ISBN : 978-2-13-081634-8

Dans Qu’est-ce que la pop’philosophie ?, manifeste novateur, ambitieux, taillé dans la vitesse de la pensée, Laurent de Sutter fait un sort au grand partage entre choses dignes d’être interrogées et choses reléguées dans l’inintéressant. À ceux qui, ranimant l’interrogation socratique « Y a-t-il une Idée de la boue, du poil ? », tranchent par la négative, à ces excommunicateurs de réalités dotées d’une valeur ontologique et épistémologique moindre voire nulle, cet essai qui a la fulgurance d’une flèche oppose la pensée joyeuse d’une égalité absolue entre tout ce qui peut faire l’objet d’un branchement. Composition musicale en 25 fragments, assortie de dix thèses sur la pop’philosophie qui renversent les Dix commandements sous-tendant l’exercice ordinaire de la philosophie, l’ouvrage s’avance comme une machine de guerre prolongeant, incarnant le plan de la pop’philosophie que Deleuze appelait de ses vœux. Plus exactement, Deleuze, tout en l’ayant partiellement mis en œuvre, le situait comme un horizon à venir. Continuer la lecture