Archives par étiquette : revue NUNC

Des Dieux et des choses

Lucien NOULLEZ, Tout peut commencer à trembler, Éd. de Corlevour / Revue Nunc, 2020, 93 p., 16 €, ISBN : 978-2-37209-074-2

Lucien Noullez Tout peut commencer à trembler recueil de poèmes éditions de Corlevour / Revue NuncComme pour mieux se rendre disponible à l’écriture, Lucien Noullez ouvre ce dernier recueil par un poème d’ordonnancement. Afin que tout puisse commencer à trembler, le poète range, chaque objet à sa place, des plus triviaux, les torchons, les balais, les lavettes, à ceux dont il usera pour faire acte poétique, le crayon (celui des acrobates[1] sans doute), les livres et les pièges de l’orthographe. Continuer la lecture

L’autre dans le poème et la vie

Béatrice LIBERT, Battre l’immense. Revue NUNC / Éditions de Corlevour, 2018, 74 p., 15 €, ISBN : 978-2-37209-050-6

libert_battre l immenseSur les soixante poèmes qui composent le nouveau recueil de Béatrice Libert, trente-six commencent par – ou contiennent – une citation d’Yves Namur, hormis trois emprunts à Fernando Pessoa, à Louis Aragon et… à l’auteure soi-même. « Citation », à vrai dire, n’est pas le mot qui convient : il ne s’agit pas de hors-textes mais plutôt d’amorces, dont le caractère exogène passerait d’ailleurs inaperçu s’il n’y avait les italiques. Ainsi ces textes à deux voix ont-ils l’apparence de pures monodies, et leur origine intertextuelle se résout-elle en une osmose parfaite. Si le procédé laisse deviner une forme d’allégeance ou de soumission, celle-ci apparait consentie, ou plutôt librement décidée. « Je relis tes poèmes », les miens sont « sans qualité ». Tout rare soit-il en littérature, l’exercice ne surprend guère si l’on se rappelle l’étroite connivence qui lie les deux écrivains, et dont témoigne le cadre clos par la dédicace « pour Yves » en tête de volume, et d’autre part le quatrain final signé Y.N.  Un signe plus discret s’en découvre dans les pages intérieures : l’insistance du mode allocutif et interrogatif, avec le recours répété à un « tu » qui n’est pas seulement fictionnel – et quelquefois à un « vous » plus vague. Ainsi la poésie de Béatrice Libert ne se ferme-t-elle jamais sur elle-même : y compris dans ses moments de soliloque, elle veille à ménager une ouverture à l’autre, et celle-ci lui confère sa constante respiration. Continuer la lecture