Primaëlle VERTENOEIL
Les éditions de la Lettre volée ont fait paraître, au cours de l’année 2014, deux titres posthumes du poète et romancier François Muir, décédé en 1997, L’infamie de la lumière et Le jeûne de la vallée. L’occasion de faire connaître une œuvre jadis oubliée.
De factures similaires, les deux ouvrages appartiennent à la très bonne collection « Poésies ». Le premier recueil, L’infamie de la lumière est composé d’une quarantaine de poèmes, se découpant en deux parties. La lecture du recueil laisse transparaître une belle cohérence thématique et de ton : les réflexions d’un homme sur sa condition personnelle, sur le combat à mener pour vivre :
Lumière, lumière blanche, pas à pas
Lente approche, éphémères confrontations
Ombres souriantes, corolles de roses
De près, terre foulée, lents écarts
corps sans attache, repos loin du ciel
Escale, séjour d’îles en îles.
Le second recueil, Le jeûne de la vallée, inscrit aussi son propos dans cette réflexion personnelle, bien que le ton puisse paraître quelque peu plus sombre encore :
Ploie sous le boutoir
Il ne sombre le gardien
Des chaines la plaie
Ombre il mesure
A lui, sa charge
Sur l’étendu, seul
Il ne libère.
D’une manière générale, il serait compliqué de trouver parmi les contemporains de François Muir, quelque filiation, tant sa poésie, principalement publiée après sa mort, a quelque chose de résolument personnelle. Son travail poétique semble s’orienter, de prime abord, vers une vraie simplicité de style. Le vers est court, bref, l’expression est dominée par des images poétiques sans lourdeur.
Sur quoi porte l’interrogation du poète ? Principalement l’existence humaine. Mais le propos se tient : aucun lyrisme excessif, aucune méditation surfaite. Chaque vers, chaque poème se livre dans une clarté limpide. De cette limpidité apparente, naissent aussi des questions, parfois des absences de sens, voire une opacité du propos. La poésie de François Muir développe ainsi une modernité personnelle, une réflexion intime sur un art poétique qui s’exprime sans aucune pédanterie. Qu’elles sont bienheureuses, ces deux nouvelles parutions des éditions de La Lettre volée.
François MUIR, Le jeûne de la vallée, La Lettre volée, 2014, 70 p.
François MUIR, L’infamie de la lumière, La Lettre volée, 2014, 48 p.