Noël à plus d’un titre

Un coup de coeur du Carnet

Bernard TIRTIAUX, Noël en décembre, Paris, JC Lattès, 2015, 250 p., 18 €/ePub : 12,99€

Le nouveau roman de Bernard Tirtiaux est un curieux mélange de tendresse et de cruauté ; les personnages sont « de bonne volonté » – trop gentils ?  – mais l’époque dans laquelle ils vivent et courent après l’amour et le bonheur est terrible et barbare.  L’auteur nous emporte dans le tourbillon d’une grande histoire d’amour qui embrasse les deux guerres mondiales, entre Noël, né dans une famille de fermiers en Ardenne le 25 décembre 1909, et Luise, la fille – ‘naturelle’ comme on disait alors –  de Klara von Ludendorff, née par accident chez les parents de Noël en juin 1914.  

Noël, le narrateur, est tombé amoureux de la petite fille dès le premier instant  et n’aura de  cesse, à travers les séparations et les vicissitudes, de la rejoindre, de la retrouver quand il croira l’avoir perdue, de la sauver si c’est possible.

Le suspense parcourt tout le roman et même, de manière assez remarquable, par anticipation.  En effet, le lecteur, voyant Klara venir rechercher sa fille en 1922 pour l’emmener vivre avec elle en Autriche après qu’elle a épousé un certain Josef Stern, pressent immédiatement que la suite de leur vie à tous ne va pas être un long fleuve tranquille…

Suspense amoureux, d’abord.  Luise est-elle éprise de Noël ou l’aime-t-elle comme le grand frère qu’il a été pour elle pendant 8 ans ?  La jeune pianiste belle et talentueuse qu’elle devient au début des années ’30 ne va-t-elle pas succomber aux charmes de ses nombreux admirateurs ?  Autant de questions qui taraudent Noël, lui qui n’a que peu d’occasions de retrouver sa bien-aimée (généralement à Noël).

En raison de son métier de journaliste-photographe, Noël fait participer le lecteur à la découverte progressive de la montée du nazisme, aux persécutions  de plus en plus violentes infligées aux Juifs, d’Allemagne d’abord, d’Autriche à partir de 1938.  Le premier album de photographies, composé avec amour par un Noël de 14 ans à l’intention de son amoureuse, sera au cœur d’un rendez-vous raté.  Son travail de cinéaste de guerre lui permettra-t-il de retrouver Luise au cœur de la tourmente ?  et pour découvrir quelle réalité ?

Dans une interview récente donnée à la revue L’appel, Bernard Tirtiaux se définit comme un artisan, amoureux du travail bien fait.  C’est exactement cela qu’il nous donne dans ce beau roman, une grande fresque romanesque brossée avec soin, une intrigue bien menée et bien écrite, des scènes de la première guerre qui impressionnent, des cadeaux oubliés qui se répondent en miroir, des personnages attachants, ce qu’il faut de suspense, d’inquiétude et de consolation.

 Bref, de la belle ouvrage  … à déposer sous le sapin !

Marguerite ROMAN