Un huis clos familial et estival

Valentine de le Court,  Vacances Obligatoires en Famille, Mols, 2015, 174 p., 18,90€/ePub : 12.99 €

Les vacances en famille ! Le plus souvent, c’est un bonheur partagé. Un moment unique que l’on se dépêche de vivre intensément. Une douce mélodie de souvenirs – de baignades, de cerises bien rouges et de fous rires – qui resteront gravés à tout jamais. Mais les vacances en famille peuvent également être synonymes d’ennui et d’obligations éprouvantes. Qui n’a pas reproché à cette sœur d’être trop maniaque ? À ce beau-frère d’être flegmatique ? Ou à cette mère d’être intrusive ?

Le temps d’une semaine, Christiane et Jean-Louis louent une grande maison dans le sud de la France. Christiane se fait une joie de rassembler autour d’elle tous ceux qu’elle aime : son fidèle compagnon de route, Jean-Louis ; son aînée, Caroline, accompagnée de sa fille et de son mari ; la puinée, Valérie, ainsi que ses deux filles et son mari ; et enfin, la petite dernière, Ophélie, qui débarque à la dernière minute avec un ami. En apparence, ils forment une famille parfaite. Les filles de Christiane réussissent leur vie : elles travaillent, elles sont mariées ou accompagnées, ont des enfants charmants… Derrière ces apparences toutefois, se cachent des êtres blessés et imparfaits. Chacun garde au fond de lui son petit secret : un amour qui fait défaut, un changement de vie, un mal incurable, une récente et douloureuse rupture, un trop-plein de mots. Contrairement à ses filles, Christiane veut profiter de cet instant unique, de chaque heure, chaque minute, chaque seconde passée avec sa famille. Elle aimerait leur livrer son secret, mais ses filles sont prisonnières de leurs propres problèmes qui vont exploser les uns après les autres. Alors que ces vacances s’annonçaient rébarbatives pour certaines, cette semaine va se révéler bénéfique pour toutes. Elle leur permettra d’ouvrir les yeux et de s’ouvrir aux autres. Personne n’est à l’abri d’un malheur, mais il faut rester unis coûte que coûte.

Après Explosion de particules, son premier roman, Valentine de le Court continue sur sa belle lancée et nous offre un instant de vie dans un univers familial. À nouveau, l’auteur s’amuse avec la narration et la construction du récit, en nous proposant une histoire linéaire racontée par différents regards. Dans ce microcosme très féminin – il n’y a que des narratrices -, les hommes se font discrets. Valentine de le Court explore les différentes facettes d’une famille, ce qui est connu de tous, et ce qui se cache, ne transparaît que très peu. Ce sont des êtres humains heureux et meurtris, attachants et profondément agaçants… l’espèce humaine dans tout ce qu’elle a de plus vrai et authentique.

Émilie GÄBELE