Pierre-Jean FOULON, Voyage au pays du néant provisoire, Editions du Spantole, 32 p.
Philologue de formation, conservateur de la section « livres précieux » du Musée royal de Mariemont, Pierre-Jean Foulon présente quelque prédilection pour le livre d’art. On n’est donc pas étonné de découvrir la qualité formelle de son nouveau recueil, édité aux éditions du Spantole et énigmatiquement intitulé Voyage au pays du néant provisoire.
Bien avant la lecture, le recueil plait à qui le découvre. C’est que l’objet est atypique. D’abord par son format, vertigineusement vertical. Oublié le classique format de poche, dépassé l’institutionnel « 14 sur 20.5 cm à la française » qui prédomine dans l’édition contemporaine. Foulon nous propose un livre beaucoup trop grand pour se glisser facilement dans les « Kallax » d’IKEA. Qu’importe, on lui trouvera une place, de choix, hors bibliothèque.
Et si le livre est beau, la qualité littéraire de son contenu est aussi remarquable. 27 poèmes composent le recueil. Formellement, chaque poème est annoncé par un mot qui évoque la thématique du texte : « formulaire », « rêve », « appel », etc. Le poème n’occupe qu’un espace réduit sur la page et est majoritairement composé en vers libre. D’ailleurs, les textes proposent une typographie résolument moderne, chaque nouveau poème débutant uniquement, avec une majuscule, qui est le seul signe de ponctuation présent. Au-delà des questions rhétoriques, la poésie de Foulon s’inscrit elle aussi dans la modernité. Lyrique sans tomber dans le pathos, le poète n’hésite pas utiliser des images parfois stéréotypées de la poésie qu’il détourne ouvertement : « D’un azur plus léger que le ciel / le bleu liquide / m’attend sur la table face aux fenêtres de la ville … » ou à pousser à l’extrême l’équilibre instable entre la prose et la poésie : « Un être blanc / pousse la porte et me regarde / derrière la vitre où je revêts / ma combinaison d’exercice… ».
Du reste, le propos du poète a quelque chose de « noir et blanc » dans l’évocation du monde qui l’entoure. Il y a un peu de Sartre qui aurait rencontré Apollinaire dans tout cela.
Primaëlle VERTENOEIL