Paris-Simenon : tout un roman

Jean-Baptiste BARONIAN, Le Paris de Simenon, Paris, Ed. Alexandrines, collection « Le Paris des écrivains », 2016, 102 p., 8,90 €   ISBN : 978-2-37108-904-4

baronianQui, mieux que Jean-Baptiste Baronian, pouvait écrire Le Paris de Simenon ? Président de l’association internationale « Les Amis de Georges Simenon », il sait aussi ce qu’écrire veut dire, comme auteur de plusieurs ouvrages et articles sur ce monstre sacré, comme biographe intéressé par Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, mais aussi comme romancier dont l’œuvre n’est pas sans rappeler par certains aspects celle de Simenon, notamment à travers le souci de construire une intrigue narrative soutenue.

Baronian nous promène autant dans les rues de Paris où Simenon a vécu des années intenses que dans la bibliographie de l’écrivain belge qui consacra de nombreuses pages à la Ville-Lumière, sous son nom ou via des pseudonymes. Sa connaissance approfondie des romans et autobiographies du premier auteur belge auquel s’intéressent les éditions Alexandrines permet à Baronian de démêler le faux du vrai dans la manière dont il réfère à ses expériences parisiennes. Et elles furent nombreuses. C’est à 19 ans déjà, en 1922, que l’écrivain quitte son Liège natal pour vivre sa vie d’écrivain à Paris, ville qui fascine les artistes plus que nulle autre, en particulier à cette époque. Il y emmène sa femme de l’époque, vit dans des hôtels, puis dans des habitations de plus en plus luxueuses, nichées dans des quartiers célèbres. Il s’y promène inlassablement, se perd dans des endroits riches ou pauvres, fréquente moult prostituées pour ne pas se sentir « prisonnier de la société », rencontre de nombreuses personnalités du monde de la presse, des arts et de l’édition. Il y organise même des coups médiatiques comme le Bal anthropométrique de 1931, un événement mondain qui n’aurait rien à envier aux opérations de communication d’aujourd’hui. Cet ancrage parisien se concrétise dans son œuvre par la mention d’au moins 800 artères, places, cafés, hôtels et quartiers de Paris, de sorte que cet ouvrage plus petit qu’un livre de poche offre à la fois un circuit Simenon du Paris de l’entre-deux-guerres et une immersion étonnante dans l’œuvre.

Depuis 1988, les éditions Alexandrines ont ainsi proposé plus de mille biographies topographiques d’écrivains. Après s’être focalisées sur la France des régions, elles se sont tournées vers Paris, la ville-monde, offrant un angle d’approche original, tant sur cette capitale mythique que sur des écrivains. Une ville où beaucoup sont nés comme écrivains, y ont trouvé l’inspiration ou des décors pour leurs récits.

Michel Torrekens