Le rituel est connu : chaque année en juin, les maisons d’édition dévoilent le programme de leur rentrée littéraire. Et lectrices et lecteurs de partir en vacances avec la certitude de trouver en librairie, dès la mi-août, pléthore de nouveaux livres qui adouciront à n’en point douter le retour à la vie professionnelle.
Cette année encore, auteurs et autrices belges seront nombreux à participer à ce temps fort de l’année éditoriale. La rentrée littéraire est traditionnellement associée au roman. Il ne sera pas, loin s’en faut, le seul genre à faire l’actualité cet automne, mais il en sera certainement l’un des points névralgiques. Tour d’horizon des sorties annoncées. Continuer la lecture →
Littérature et Médecine. Deux arts du regard. Autour de Jean-Christophe Rufin, Jean-Baptiste Baronian, Georges Casimir, Bernard Dan, François Emmanuel, Philippe Lekeuche, Pierre Mertens, Yves Namur et Raymond Reding, ARLLF, 2023, 130 p., 15 €, ISBN : 9782803200696
Littérature et Médecine… L’ordre des mots adopté dès le titre se soumet-il simplement à celui de l’alphabet, ou bien est-ce que, fussent-elles toutes deux affublées d’une majuscule et érigées en « arts du regard » la seconde reste un corollaire de la première ? Il fallait trancher, bien sûr, et ce livre parle davantage en termes de « roman », « fiction », « auteurs », que de « pathologie », « traitement » ou « praticien ».
Il n’empêche : l’historiographie littéraire (francophone mais pour tout dire, mondiale) a beau regorger de figures d’« écrivains-médecins », il serait peut-être plus juste de les qualifier de « médecins-écrivains », puisque l’exercice de l’art d’Esculape précéda parfois de loin la fréquentation des Muses… Prenons le cas le plus célèbre en littérature française du XXe siècle, Louis-Ferdinand Céline. Il découvre sa vocation au Cameroun, en 1916, en soignant vaille que vaille les populations indigènes. Sa thèse de médecine, consacrée à un chirurgien hongrois du siècle précédent, est considérée, à raison, comme son premier texte littéraire… mais il faudra attendre les années 1926-1927 pour qu’il se mette à la rédaction de ce qui allait devenir Voyage au bout de la nuit. Combien sont-ils, parmi ses détracteurs, à regretter que le Docteur Destouches ait lâché son carnet d’ordonnances pour devenir le paradigme de l’écrivain collabo et antisémite ? Continuer la lecture →
Jean-Baptiste BARONIAN, Dictionnaire des écrivains gastronomes. De Apollinaire à Zola, illustré par Gabrielle LAVOIR, Flammarion, 2022, 428 p., 26 € / ePub : 17,99 €, ISBN : 978-2-0802-7971-2
Jean-Baptiste Baronian est un écrivain prolixe. Et, dans sa bibliographie, on compte plusieurs dictionnaires, dont le Dictionnaire Rimbaud (Bouquins, Laffont, 2014) et le formidable Dictionnaire amoureux de la Belgique (Plon, 2015). À travers ses essais, biographies et anthologies, il a côtoyé bien des écrivains et partagé son admiration pour leur travail. Il a développé une connaissance bien souvent intime de ces auteurs, offrant des perspectives inédites sur leurs œuvres. C’est encore le cas avec ce beau volume, joliment pensé par l’éditeur en lui prêtant une facture bibliophilique à la jolie tranche orangée. À sa lecture, on imagine également que la gastronomie figure parmi les plaisirs incontournables de Baronian. Bonne chère et bons vins riment ici avec culture et érudition. Continuer la lecture →
COLLECTIF, La cuisine de nos écrivains, Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, 2022, 130 p., 15 €, ISBN : 9782803200672
« Il n’y a que les imbéciles qui ne soient pas gourmands. On est gourmand comme on est artiste, comme on est poète ».
Incitant le lecteur au péché de gourmandise, Yves Namur cite Guy de Maupassant dans son introduction aux actes du colloque consacré à La cuisine de nos écrivains qui s’est tenu en octobre 2021, à l’occasion du centenaire de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique. La gourmandise est en effet de mise pour évoquer un sujet d’une telle ampleur. C’est que les écrivains ne manquent pas, qui ont fait de la nourriture un sujet à part entière ou la métaphore de leur art, et du repas, le subtil décor de leur roman ou le symbole de l’appartenance sociale de leurs personnages. Et que l’on ne s’y trompe pas, les auteurs et autrices dont il est question ici, « nos écrivains », sont belges ou français. Ce sont les écrivains de notre patrimoine littéraire, ceux qui ont façonné (et façonnent encore) notre imaginaire. La gourmandise, comme la littérature, n’a pas de frontière. Continuer la lecture →
Maurice des OMBIAUX, L’ornement des mois, préface de Jean-Baptiste Baronian, Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, 2021, 190 p., 20 €, ISBN : 978-2-8032-0061-0
De janvier (« C’est l’enfance de l’année ») à décembre (« le jour est pauvre de lumière, mais on l’illumine de feux et de liesses »), Maurice des Ombiaux compose, avec un plaisir qui fait chanter les mots, L’ornement des mois. Un « almanach sentimental et gourmand », comme le présente dans sa préface Jean-Baptiste Baronian, paru en 1910, et que l’Académie royale de Langue et de Littérature a eu l’heureuse idée de ressusciter. Continuer la lecture →
COLLECTIF, Fenêtres sur court, textes réunis et présentés par Laura Delaye, Nausicaa Dewez, Laurence Ghigny, Violaine Gréant et Valériane Wiot, Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2021, 278 p., 10 €, ISBN : 978-2-87568-550-6
Automne 2021 : Espace Nord sort son 400e numéro, La Fureur de lire fête ses 30 ans. Les comptes ronds incitent à marquer le coup et ce double jubilé ne fait pas exception. Ce n’est donc pas une réédition classique dans la collection patrimoniale qui a hérité, par le hasard de la numérotation, de ces deux zéros sur sa tranche. Et, tant que l’on parle de chiffres, il ne s’agit pas à proprement d’une mais plutôt de vingt-deux rééditions. Vingt-deux !? Dans un seul volume ? Parfaitement ! Vingt-deux nouvelles, échantillon choisi parmi les plus de cent plaquettes éditées dans le cadre de la Fureur de lire. Tâche ardue à n’en pas douter. Continuer la lecture →
Jean-Baptiste BARONIAN, Anastrophes au Bon Dieu, Lamiroy, 2021, 56 p., 10 €, ISBN : 978-2-87595-495-4
Jean-Baptiste Baronian possède une palette de compétences littéraires très vaste : longtemps éditeur littéraire chez Marabout, auteur de romans — y compris de romans policiers sous pseudonyme — mais aussi de nouvelles, d’essais, de biographies, de livres pour enfants, de dictionnaires et d’anthologies, spécialiste reconnu de l’œuvre de Georges Simenon, il y a peu de sujets et de domaines où il n’exerce pas avec bonheur, de manière libre et rebelle, ses qualités créatives et critiques. Dans des territoires de prédilection comme la gastronomie, le fantastique, la langue et la littérature, son immense culture et son insatiable curiosité lui permettent toujours d’éclairer avec brio et de manière personnelle les œuvres ou les problématiques qu’il aborde. Continuer la lecture →
Jean-Baptiste BARONIAN, Lord John, Névrosée, coll. « Sous-Exposés », 2020, 220 p., 16 €, ISBN : 978-2-931048-44-3
Sous-exposé, Jean-Baptiste Baronian ? Lui qui a une bibliographie longue comme les deux bras, et dans des genres très variés, de la littérature de jeunesse à l’essai, en passant par les dictionnaires amoureux (le dernier en date de la cuisine et de la gastronomie belges, au Rouergue) ou encyclopédiques (celui, remarquablement dirigé par ses soins, sur Rimbaud) mais aussi la nouvelle, le roman policier ou d’amour ? Lui dont le nom est cité avec cette déférence qu’on n’accorde qu’aux monstres sacrés par tous les amateurs du genre fantastique ou par les simenoniens – deux castes littéraires éminemment exigeantes, peuplées d’érudits à qui on ne la fait pas ? Lui qui, inlassablement, courageusement, joue son rôle de passeur dans diverses revues littéraires, afin de donner à lire des classiques oubliés comme les plumes contemporaines que son flair infaillible lui fait dénicher ? En sus, force est de constater que la qualité de sa production – que seuls les grincheux, jaloux de cette énergie cavaleuse qu’ils sont incapables de suivre, qualifieront de pléthorique, voire de dispersée – ne faiblit pas. Continuer la lecture →
Maurice MARTIN, La véritable affaire de Bruxelles, Postface de Jean-Baptiste Baronian, Bruxelles, 180° éditions, 2020, 380 p., 19,00 €, ISBN : 978-2-931008-32-4
L’auteur, Maurice Martin, s’ébroue dans des eaux familières en tant qu’ancien commissaire de police retraité de la brigade anticorruption, même grade, même service que ceux de Martin de Landsheer, personnage central de cette « affaire de Bruxelles » dont les prolégomènes nous ramènent au 19e siècle, à deux poètes dits « maudits » et à un fait-divers fameux qui vit (ou crut voir ?) Paul jouer du revolver contre son ami Arthur. Continuer la lecture →
« Présence de Georges Simenon », Revue Générale, Presses Universitaires de Louvain, automne 2019, 250 p., 22 €, ISBN : 978-2-87558-872-2
Coordonné par Jean-Baptiste Baronian, grand spécialiste et amoureux de Simenon, le dossier « Présence de Georges Simenon » au sommaire du dernier numéro de la Revue Générale a choisi d’opérer à la façon de Maigret, en prolongeant sa méthode de travail. Le commissaire définissait ainsi sa philosophie de détective : « Dans tous les cas, il s’agit de connaître. Connaître le milieu où le crime est commis, connaître le genre de vie, les habitudes, les mœurs, les réactions des gens qui y sont mêlés, victimes, coupables ou simples témoins. Entrer dans leur monde sans étonnement, de plain-pied et en parler naturellement le langage. » (Les Mémoires de Maigret). Continuer la lecture →
Jean-Baptiste BARONIAN, Maigret, Docteur ès crimes, Impressions nouvelles, coll. « La fabrique des héros », 2019, 125 p., 12 € / ePub : 7.99 €, ISBN : 978-2874497148
Faut-il s’étonner de voir Maigret se tailler une place dans la galerie de la « Fabrique des héros » (collection lancée récemment par les Impressions nouvelles) et y côtoyer Jack Sparrow, Nosferatu, Batman ? Après celles d’un corsaire, un vampire et un justicier, voici donc que se profile la silhouette reconnaissable entre mille du commissaire le plus célèbre du « 36 ». Et le tricorne est troqué contre un feutre mou, et la pinte de sang frais est délaissée au profit d’une pils bien fraîche, et les rues de Gotham City se mettent à ressembler furieusement à celles de La Rochelle ou de Quimper. Continuer la lecture →
Jean-Baptiste BARONIAN,
Simenon, romancier absolu, Pierre-Guillaume
de Roux, 2019, 190 p., 18,5 €, ISBN : 2-36371-298-1
Dans son dernier essai, Jean-Baptiste Baronian apporte la preuve définitive que tout n’a pas été écrit sur Georges Simenon et que, trente ans exactement après la disparition du plus liégeois des écrivains universels (ou du plus universel des écrivains liégeois, le propos est réversible), son œuvre comme sa vie recèlent encore leur lot de trouvailles. Encore faut-il, pour les dénicher, oser s’aventurer dans les recoins inexplorés ou négligés de son univers, dans des œuvres peu citées – Strip-tease, Un banc au soleil, Il pleut bergère…, La prison – ou dans le massif, parfois rébarbatif, des Dictées. Continuer la lecture →
Jean-Baptiste BARONIAN,
Guide secret de Bruxelles, Ouest-France,
2019, 143 p., 14 €, ISBN : 978-2737379215
Voilà le genre d’ouvrage qui séduit d’emblée, par sa seule facture, les bibliophiles au rang desquels s’inscrit l’auteur, Jean-Baptiste Baronian. Couverture cartonnée, vignette reprenant une gravure de la Grand-Place en couverture, iconographie sépia sur papier crème et autres caractéristiques qui invitent le lecteur à découvrir ce Guide secret de Bruxelles. Continuer la lecture →
Relire Gérard Prévot est toujours un moment riche. Et l’on se dit que c’est une réelle injustice qu’il n’ait jamais été apprécié à sa juste valeur. Peut-être cela vient-il de sa relative marginalité et du fait qu’il a écrit dans des genres très différents : poésie, roman, nouvelles fantastiques, romans populaires ?
Au début des années 70, il envoie à Jean-Baptiste Baronian, alors directeur littéraire de Marabout, des nouvelles qui vont constituer quatre livres. En 1986, dix ans après la mort de Prévot, Baronian rassemble onze contes tirés des différents volumes ; c’est ce choix qui est réédité aujourd’hui. Continuer la lecture →
Jean-Baptiste BARONIAN, Le Petit Arménien, Pierre-Guillaume de Roux, 2018, 140 p., 18 €, ISBN : 2-36371-241-7
À parcourir les quatre pages que recouvre sa bibliographie, on s’aperçoit que Jean-Baptiste Baronian a beaucoup narré et conté, chez Laffont, Bourgois, La Table Ronde, Rivages, Les Belles Lettres et près de dix autres éditeurs. Qu’à travers des essais, des biographies et des anthologies qui sont aujourd’hui autant de références, il aura passé une vie à s’intéresser aux autres écrivains, parmi lesquels Simenon, Baudelaire, Rimbaud, Jean Ray, Rosny-Aîné, Gérard Prévot et une kyrielle de fantastiqueurs connus de tous ou, plus souvent, de lui seul. Qu’il a écrit pour les bibliophiles, les amoureux de Bruxelles, les enfants, les polardeux. Mais que jamais encore il ne s’était livré. Continuer la lecture →
Jean-Baptiste BARONIAN, Baudelaire au pays des Singes : essai, Pierre-Guillaume de Roux, 2017, 153 p., 19,50 €, ISBN : 978-2-36371-198-4
1864 : un écrivain français de quarante-deux ans, qui commence à faire parler de lui à Paris pour ses écrits sur la peinture, ses traductions des contes de l’Américain Edgar Allan Poe et une condamnation pour des poèmes sulfureux, arrive en exil volontaire à Bruxelles à la recherche d’éditeurs et pour y faire des conférences. Il n’y rencontrera que déboires, déceptions et contrariétés. 150 ans après la mort de Charles Baudelaire, Jean-Baptiste Baronian, qui lui avait déjà consacré une brillante biographie, nous convie à une enquête fouillée sur le long séjour belge du poète des Fleurs du Mal. Continuer la lecture →