L’art de la nouvelle

Un coup de coeur du Carnet

Anne-Michèle HAMESSE, Ma voisine a hurlé toute la nuit, Cactus Inébranlable, 2016, 82 p., 9 €, ISBN: 978-2-930659-44-2

hamesse

La nouvelle, à côté des autres genres littéraires que sont le roman ou la poésie, n’a jamais occupé une position centrale dans l’histoire des lettres. Rares sont les maisons d’édition qui lui consacrent une place de choix dans leur catalogue, à l’exception notable d’une seule, en Belgique francophone.  Pourtant, le genre est fascinant et produit souvent d’excellents textes.

C’est encore le cas avec le recueil de Anne-Michèle Hamesse intitulé Ma voisine a hurlé toute la nuit paru aux éditions Cactus Inébranlable. Annonçons la couleur d’emblée : ce livre est remarquable. A tous points de vue, il s’agit d’une formidable rencontre entre, d’une part, une maison d’édition singulière (qui n’accepte que les textes piquants, audacieux, voire carrément irrévérencieux…) et, d’autre part, une auteure déjà reconnue.

Pourtant, soyons là aussi honnête, le titre n’est pas spécialement engagement. Mais que le lecteur n’hésite pas à tourner rapidement la couverture de ce petit livre pour dévorer la première nouvelle du recueil : « Loterie ». Cette première nouvelle, en effet, résume à elle seule tout l’enjeu du livre : peindre le tableau de vie d’une femme. Une femme qui peut être une sœur, une mère, une maitresse. Qu’importe, ces femmes ont ceci de commun d’avoir avant tout connu l’angoisse, la tristesse, le désespoir d’une vie qui passe, parfois sans elle. Mais au-delà du parcours de vie de ces femmes d’un autre monde, tout l’enjeu et l’intérêt du livre réside dans la qualité du style de l’auteure et dans sa parfaite maitrise du genre de la nouvelle. Dans chaque texte, la chute est remarquable, pleine d’audace et de surprise. Du reste, Anne-Michèle Hamesse fait également partie de ces auteurs qui manient la plume avec élégance et justesse. C’est ici une des forces de ce livre : la justesse du ton, du style, de l’intrigue et même de chaque incipit :

« À Coxyde, cet été-là, la mer du nord, placide comme un lac, resplendissait de mille soleils, mais ces brillances ne renvoyaient à Lucien qu’un miroir d’ennui ».

Un bémol ? Le nombre de pages – à peine 82 pages -, mais en redemander serait peut-être de la gourmandise…

Primaëlle Vertenoeil